Série des livres numériques de l’UVA Livre #3: Un siècle d’histoire de l’UGAB (Livre 2) | Page 7

Lorsque Berge Setrakian nous a proposés, en décembre 2002, de nous atteler à la rédaction d’une histoire de l’Union Générale Arménienne de Bienfaisance, nous avons bien volontiers accepté l’offre, avec pour unique condition de pouvoir bénéficier d’une ouverture des archives de l’Organisation, afin d’élaborer le bilan d’un siècle d’histoire sur des fondements solides.

Nous ne sommes évidemment pas les premiers à nous être engagés dans une telle aventure. Le volume anniversaire préparé à l’occasion du Vingt-cinquième anniversaire de l’Union (1906-1931), par Aram Andonian (le premier conservateur de la Bibliothèque Nubar), sous la supervision de Vahan Malézian, apportait déjà une éclairage remarquable sur les actions de l’Union et de ses différentes branches au cours de cette période. Ce travail reste incontournable pour qui veut comprendre pourquoi et comment l’Union a été fondée au Caire, en 1906. Depuis lors, des livres anniversaires ou des synthèses comme celle de Bedros Norehad (The Armenian General Benevolent Union, Its History and Purpose, New York 1966), ont été publiés, apportant chacun leur contribution à la connaissance de l’Union. Le dernier en date, œuvre de l’historien Edward Melkonian (Mgktyu­pèyuh Lgè Egçfdyçàgigh Ohxlg­hyuç Tjyupègh [Histoire de l’Union Générale Arménienne de Bienfaisance], Erevan 2005) est de loin le travail le plus élaboré, avec comme point fort l’utilisation, pour la première fois, de matériaux que l’auteur a trouvés dans les archives de l’époque soviétique.

Notre première démarche a consisté à localiser et à évaluer les fonds d’archives disponibles. La Bibliothèque Nubar, bibliothèque centrale de l’Union, dispose de part son histoire, d’un fonds déjà exceptionnel, notamment une copie complète de la correspondance et des procès verbaux des réunions du Conseil central de 1906 à 1941, toutes les publications officielles, ainsi qu’une collection photographique de plusieurs milliers de documents. Ces matériaux nous ont permis d’emblée de dégager les principaux traits de l’histoire de l’Union jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Mais pour aller plus avant et suivre au quotidien la mise en œuvre pratique des programmes de l’Organisation, nous avions besoin d’accéder aux dossiers les concernant. Les archives du Conseil exécutif du Caire, en Égypte, ont été à cet égard capitales. Les quelque cent cinquante mille documents conservés au siège de l’Union nous ont ouvert des perspectives insoupçonnées dépassant largement l’histoire interne de l’Organisation, permettant de documenter plus généralement le sort des rescapés arméniens de 1915, puis leur insertion en Syrie et au Liban. Soigneusement tenues, bien organisées, ces archives permettent pratiquement d’accéder au niveau individuel — par exemple avec les fiches personnelles d’orphelins ou de jeunes femmes recueillies dans les refuges de l’Union. On a ainsi pu mieux cerner les problèmes soulevés par la réhabilitation psychologique de ces rescapés très éprouvés par leur expérience dans les déserts de Syrie, de Mésopotamie ou de Jordanie.

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