Série des livres numériques de l’UVA Livre #3: Un siècle d’histoire de l’UGAB (Livre 1) | Page 96

Le départ des Arméniens de Cilicie, à la fin de 1921, se fit le plus souvent par bateau, depuis Mersine, vers des destinations proches, avec pour unique critère que celles-ci soient hors du contrôle turc. Fin décembre, quinze mille cinq cents réfugiés ciliciens débarquèrent à Beyrouth1. Presque au même moment, environ quatorze mille Arméniens concentrés à Dört Yöl quittèrent la région pour Alexandrette. D’autres encore, bien qu’en nombre plus restreint, s’installèrent dans des villes de la côte libanaise. Deux mille réfugiés débarquèrent à Tripoli : la majorité fut logée par les autorités mandataires dans les vieilles maisons du quartier Al-Mina, au bord de la mer, les autres

dispersés dans les environs, à Halba, Zghorta, Chekka, Enfé2. Un nombre équivalent de réfugiés, s’installa à Tyr et à Saïda3. Enfin, environ mille personnes débarquèrent à Latakié.

Mais la Syrie et le Liban n’étaient pas les seules destinations empruntées par les Arméniens de Cilicie. Huit mille allèrent à Chypre : mais il ne s’agissait que de familles aisées, donc autonomes, que les autorités britanniques n’auraient pas à prendre en charge. Ces dernières avaient, en effet, fermé les ports chypriotes aux bateaux transportant les réfugiés ciliciens et interdit plus généralement, dès novembre 1921, l’accès de ces bateaux à tous les ports de Méditerranée orientale qu’elles contrôlaient, comme Alexandrie, Port-Saïd, Haïfa, Yaffa ou Larnaca. Cela explique l’arrivée massive des bateaux à Beyrouth, seul port important de la région restant ouvert sans condition aux réfugiés. Quelques milliers de réfugiés embarquèrent en outre vers des destinations plus lointaines, comme Izmir, la Thrace et Constantinople qui n’était pas encore aux mains des kémalistes4. Dans un premier temps, le Haut-commissariat avait souhaité voir concentrer les réfugiés arméniens dans des zones éloignées de la nouvelle frontière turco-syrienne, pour amadouer le gouvernement turc, qui insistait sur ce point, et consolider ainsi ses relations avec le puissant voisin du nord. ... En lire plus

Les camps de regroupement des réfugiés en Syrie et au Liban

Jeune fille réfugiée à Beyrouth (Arch. Bibl. Nubar).

Camp de réfugiés arméniens de la Quarantaine, à Beyrouth, probablement due au P. Poidebard (Arch. Bibl. Nubar).