L’exode de dizaines de milliers d’Arméniens de Cilicie fin 1921 et, après la défaite des troupes grecques contre les nationalistes turcs, la fuite vers la Grèce et les îles grecques de dizaines de milliers d’autres provenant de Smyrne et de ses environs, à l’automne 1922, ont provoqué une nouvelle catastrophe humanitaire chez les Arméniens. Cette nouvelle vague d’exode brisa net la dynamique de reconstruction qui était à l’œuvre depuis l’armistice. La plupart de ces exilés allaient retrouver la vie morose et pénible des camps de réfugiés, comme un prolongement des violences et des souffrances endurées depuis 1915.
À la fin de 1921, des dizaines de milliers d’Arméniens se sont embarqués à Mersine pour aller s’échouer sur les côtes libanaises et presque au même moment, les Arméniens concentrés à Dört Yöl ont dû évacuer la région cédée aux Turcs et s’installer par milliers dans la zone la plus proche, à Alexandrette (Iskenderun), en Syrie sous mandat français.
Une période marquée d’incertitudes et d’angoisse s’ouvrait de nouveau pour tous ces réfugiés. La cession de la Cilicie à la Turquie les avait privés du territoire sur lequel ils avaient espéré s’établir en communauté et reconstruire leur vie, après l’épouvante du génocide. Le retrait français et l’établissement en Cilicie d’un régime turc revenaient tout simplement à rétablir leurs anciens bourreaux comme maîtres du pays. Malgré tous les efforts de la France visant à les dissuader de partir, tous ont préféré partir, laissant derrière eux tous les biens qu’ils avaient pu recouvrer. La question était toutefois de savoir ce que ces exilés, exclus de leur patrie, allaient bien pouvoir faire. La réponse à cette interrogation ne fut pas trouvée rapidement ; Il fallut des années pour trouver un avenir à tous ces Arméniens déplacés et abandonnés. ...
L’exode cilicien : l’Union face à de nouveaux défis en Syrie, Liban, Palestine, Chypre
Réfugiés arméniens de Cilicie habitant des grottes dans les environs de Beyrouth (Arch. Bibl. Nubar).
Réfugiées arméniennes survivant à Beyrouth en collectant du bois et du papier (Arch. Bibl. Nubar).