À son retour d’Europe, lors du premier Conseil central de l’Union qui se tient le 13 mars 1914, Boghos Nubar observe qu’il est désormais nécessaire d’adopter « une nouvelle orientation, par suite des réformes arméniennes qui viennent d’être projetées [...] Aujourd’hui, l’Union est appelée à jouer un rôle plus important ; elle doit venir en aide aux réformes en provoquant la formation de syndicats agricoles, de crédits fonciers et toutes autres institutions utiles »104. L’échec des réformes dans les provinces arméniennes ou, en d’autres termes, l’élimination par le régime jeune-turc des populations pour lesquelles elles étaient prévues, a tout bonnement mis un terme à l’action de l’Union au profit des Arméniens ottomans, au développement socio-économique desquels elle avait vocation de se consacrer. Dès le début de la Première Guerre mondiale, l’Union perdit entièrement le contact avec ses soixante et un Comité répartis dans l’Empire ottoman et constata que les transferts d’argent devenaient de plus en plus problématiques — les banques avaient bloqué les comptes — et que les rentrées de cotisations et de dons étaient en chute libre. C’est pourquoi les quarante établissements scolaires de l’Union (deux s’étaient ajoutés en cours d’année) restèrent fermés à la rentrée de septembre 1914 : seuls fonctionnaient encore l’orphelinat Kélékian de Dörtyol et l’école normale de Van105. Pour permettre à l’Union de fonctionner, le Conseil d’administration engagea les membres à verser directement leurs cotisations et leurs dons aux trésoriers locaux dont la liste fut publiée par l’organe de l’Union, Mioutiun. ...
L’échec des réformes et le début de la Première Guerre mondiale
Mihran Ghazarossian, nommé membre du Conseil central à la suite de la démission de M. Margossov, le 4 avril 1914 (coll. Archives Bibl. Nubar de l’UGAB/ Paris).