Série des livres numériques de l’UVA Livre #3: Un siècle d’histoire de l’UGAB (Livre 1) | Page 15

Paradoxalement, les efforts consentis pour moderniser l’empire, imposer un système centralisé, ont surtout profité aux groupes dominés. Ces derniers se sont ainsi au moins partiellement libérés du système féodal qui les régentait depuis plus de quatre siècles ; ils ont rapidement développé un réseau scolaire qui a permis une élévation incontestable du niveau d’éducation des enfants arméniens, un regain de l’arménophonie dans des régions qui étaient devenues au fil du temps turcophone, un début de renaissance culturelle, l’apparition d’une élite formée dans les meilleures universités françaises. L’ouverture de l’empire au monde occidental, la pénétration de ses marchandises et de ses entrepreneurs, encouragés par les sultans comme la voie obligée pour acquérir le savoir-faire européen, ont aussi et surtout profité aux Grecs et aux Arméniens. Les Annuaires orientaux publiés au tournant du siècle montrent combien l’essentiel de l’activité économique de la Turquie d’Asie est tributaire d’entrepreneurs issus des minorités. Comme l’observent alors les Jeunes-Turcs, avec une certaine amertume, il n’existe pas de classe moyenne d’entrepreneurs musulmans, celle-ci pouvant à la rigueur être incarnée par les fonctionnaires et les militaires. Autrement dit, le décalage culturel et économique entre populations chrétiennes et musulmanes n’a fait que s’accentuer et n’a pas manqué d’inquiéter l’élite ottomane.

Le règne d’Abdül Hamid se caractérise du reste par un savant dosage de conservatisme et d’ouverture à l’Occident. Malgré sa politique répressive à l’égard des Arméniens, ...

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Charité, bienfaisance et action humanitaire : traditions et mutations

Orphelinat national de Sébaste/Sıvas, 1902 (coll. Archives Bibl. Nubar de l’UGAB/Paris).

Nubar pacha (1825-1899), premier ministre d’Égypte à plusieurs reprises (coll. Archives Bibl. Nubar de l’UGAB/ Paris).