La genèse des relations entre l’Union et l’Arménie soviétique : la question des orphelins
En 1923, après avoir vaincu les armées grecques sur le front de l’Anatolie occidentale, Mustafa Kémal est devenu le maître de l’Anatolie. Les succès militaires turcs préparent aussi la Conférence de Lausanne, qui entérine la reconnaissance de la République turque dans les frontières dessinées par Kemal. Pour les Arméniens, les derniers espoirs d’établissement d’un foyer arménien dans une région de la nouvelle Turquie sont définitivement anéantis. La Cilicie et Smyrne, deux régions où se sont concentrés de nombreux rescapés arméniens durant l’après-guerre, sont entièrement vidées de leur population chrétienne et passent sous le contrôle des kémalismes. Constantinople reste le seul lieu où une population arménienne compacte vit encore, sous l’autorité sans partage des nouveaux maîtres de la Turquie.
Cette évolution de la situation géopolitique de la région n’a évidemment pas été sans causer des soucis aux dirigeants de l’Union. Ils se sont en effet retrouvés avec en charge non seulement de quelques milliers d’orphelins en Syrie, en Palestine et au Liban, mais aussi de dizaines de milliers de réfugiés en Grèce. Si l’Union n’était pas la seule organisation à intervenir sur le terrain, elle ne s’en considérait pas moins comme la première responsable du sort des déracinés arméniens. Ses préoccupations ne se limitaient pas à l’éducation et l’intégration sociale des orphelins, à la sortie de ses établissements, mais à l’environnement futur des orphelins, ...
L’Union et l’Arménie soviétique : coopérer avec le régime soviétique pour la reconstruction de l’Arménie, une tâche difficile
La famine faisait des ravages en Arménie soviétique. Une scène tragique dans les rues d’Erevan, en 1922. (coll. Archives Bibl. Nubar/Paris).
Archag Safrastian (1885-1958), ancien consul britannique à Bitlis, secrétaire de la Délégation nationale arménienne, membre d’une mission humanitaire envoyée en Arménie en décembre 1921 (coll. Archives Bibl. Nubar/Paris).