ReMed 2019 Urgences ReMed Magazine Numéro 7-8 (6) | Page 8

Sciences de la Santé Est-ce qu’on peut dire que cette formation équivaut à une spécialité proprement dite en urgence ? Pas du tout. Elle reste très insuffisante. De plus, la spécialité proprement dite n’existe malheureusement pas encore en Algérie contrairement à d’autres pays, notamment la France et le Maroc. Allons au vif du sujet ! Qu’est-ce qui définit une urgence selon vous ? L’imprévu ! L’urgence ne connaît pas de rendez-vous. On peut donc dire simplement que c’est tout malade qui se présente à notre niveau sans l’avoir envisagé. Au niveau hospitalier, il me paraît important aussi de noter l’existence de deux types d’urgences : l’urgence vraie et l’urgence ressentie. L’urgence vraie est une situation pathologique qui risque d’engager le pronostic vital si l’on n’agit pas rapidement pour la prendre en charge. L’urgence ressentie, par contre, est toute situation perçue par le malade ou ses accompagnateurs comme étant un réel danger alors qu’en réalité « rien ne presse » ; on a suffisamment le temps de poser le diagnostic et de traiter. Lorsqu’on se documente sur la médecine d’urgence, on rencontre souvent la notion de « médecine de catastrophe ». Pouvez-vous nous expliquer en quoi cela consiste-t-il ? La médecine de catastrophe est une branche de la médecine d’urgence qui concerne les accidents et les catastrophes impliquant un nombre massif de victimes, à titre d’exemple : séisme, inondation, attentats, etc. Pour faire simple c’est beaucoup de malades en même temps. Notez bien que face à une situation pareille, on met en marche le plan : « organisation des secours » dit « ORSEC » qui permet, comme son nom l’indique, d’organiser les secours à fin de prodiguer les premiers secours sur place et évacuer rapidement les blessés graves vers les hôpitaux. Vous nous mentionniez plus haut le chiffre croissant d’accidents de la voie publique. Que pouvez-vous nous dire à propos de ce sujet ? Avec plus de 4000 accidents par an, l’Algérie vient en troisième position à l’échelle mondiale après les USA et l’Allemagne. Et ce chiffre ne cesse de croître à cause du trafic routier très dense et du niveau de vie élevé. Il faut rappeler aussi que c’est la première raison pour laquelle on a décidé d’instaurer une formation en médecine d’urgences en Algérie. 8 AUTOMNE 2018 /HIVER 2019 Parlons un peu de votre milieu professionnel. On imagine souvent le pavillon des urgences comme un endroit extrêmement stressant et prenant pour le personnel qui y opère. Est ce que vous jugez que vous travaillez plus que vos collègues médecins spécialistes des autres services ? Ouiii ! *rires* On n’a pas réellement d’horaires fixes de travail, tout dépend du patient et son urgence. On ne peut pas réellement parler de volume horaire dans notre cas. Il s’agit plutôt de volume de charge. Et puis sachez aussi que les généralistes établissent un tri des malades avant de les envoyer au pavillon des urgences, ce qui contribue à éliminer les «fausses» urgences en quelques sortes, ce qui nous allège beaucoup ! Dites-nous quelle est la première chose à faire pour un patient qui se présente aux urgences ? Il faut l’inspecter avec précision en premier lieu. Dites vous qu’un malade qui se présente en marchant possède un pronostic probablement plus rassurant qu’un malade qui arrive allongé sur un brancard. Comme on dit « âainek hiya mizanek » et chaque détail compte. Tout à fait d’accord et il ne faut surtout pas hésiter à commencer l’interrogatoire immédiatement pour recueillir le maximum d’informations sur l’étiologie à l’origine de l’urgence en question. Vous recevez des patients 24h/24, parfois au même moment. Comment savoir quelle urgence prime sur une autre ? Il faut savoir faire la nuance entre urgence et extrême urgence, dites « vitales ». Par exemple si au même moment arrive un patient avec un coma diabétique et un autre avec un infarctus du myocarde, je commence par celui qui a l’infarctus. Par contre entre un infarctus et un arrêt cardiaque, je commence par l’arrêt cardiaque. Il peut arriver aussi que deux urgences de pronostics vitaux similaires se présentent à nous. Dans ce cas par exemple s’il s’agit d’un jeune et d’un vieux, je commence par le jeune. Néanmoins cela reste toujours très complexe et contraignant moralement lorsqu’on se retrouve face à des situations pareilles. Tout dépend vraiment du cas. On aimerait profiter de l’occasion de pouvoir nous servir un petit peu dans votre expérience. Voulez- vous bien vous prêter à un petit jeu ? On va vous citer quelques urgences plus ou moins connues et dites nous, en une phrase, ce qui vous vient à l’esprit en premier. Si je vous dis :