Littéra’Tour
Puisque mon cœur est mort
Processus du deuil dans la littérature
Amina Rahmani
Présentation de l’auteur:
e son vrai nom «Samia BENAMEUR», Maissa Bey
est une écrivaine algérienne moderne née en
1950 à Ksar-El-Boukhari,
Après des études de lettres à l’université d’Alger, elle
enseigne le français au lycée puis devient conseillère
pédagogique à Sidi Bel Abbès où elle réside toujours.
Elle est cofondatrice et présidente de l’association
«Paroles et Ecritures» qui encourage l’ouverture et les
échanges culturels et soutiens les jeunes auteurs.
D
Parmi ses œuvres :
-
Nouvelles d’Algérie (Nouvelle) (Ed. Grasset, 1998
- Grand Prix de la nouvelle de la société des gens de
lettres 1998)
-
Cette fille-là (Roman) (Ed. L’Aube, 2001 – Prix
Marguerite Audoux)
- Tu vois c’que j’veux dire ? (Théâtre –Chèvre-feuille
étoilée, 2013)
Maissa : « j’ai toujours été une boulimique de la lecture,
c’était mon exutoire, mon refuge car le monde qu’elle
m’offrait était infiniment plus intéressant. Plus jeune
je restais enfermée dans ma chambre des heures à
dévorer les grands classique de la littérature » Dans
une rencontre lors du SILA.
L’écriture la fascine: «écrire dit Maissa, écrire pour ne
pas sombrer, écrire aussi et surtout contre la violence du
silence, contre le danger de l’oubli et de l’indifférence»
Processus du deuil dans le livre
La perte d’un être cher, comme un fil, lorsque
l’on est une mère célibataire dont le monde se condense
en cet enfant tant chéri, est bien plus qu’une épreuve,
c’est une véritable torture; violente et destructrice, une
agonie chaque matin ravivée et jamais apaisée.
Le personnage principal perd tout, car son «tout» est
son fils, et que celui-ci est mort! Puisque son cœur est
mort...
Alors vient ce mot lourd de sens, «le deuil», comment
le faire? Y a-t-il un schéma typique que l’on doit
suivre pour y arriver ? Plus important, comment notre
protagoniste va-t-elle surmonter (ou pas) ce monstre
de l’absence ?
En psychologie le deuil est défini comme « un état
affectif douloureux provoqué par la mort d’un être aimé
et la période de chagrin qui suit cette disparition » cela
dit, toute perte ou transition dans la vie d’un individu
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AUTOMNE 2018 /HIVER 2019
peut être considérée comme un état de deuil, car celui-
ci est un processus d’adaptation par lequel le passage
est inévitable dans le chemin plus ou moins long qui
mène vers l’apaisement.
Pour guérir ( car oui, on guérit de la perte d’un être
aimé comme d’une maladie), la personne en souffrance
pourrait avoir, éventuellement, besoin de l’aide d’une
tierce personne qui serait capable de l’accompagner
en faisant preuve d’empathie, de patience et de
bienveillance, car même si l’on fait son deuil par soi-
même, il ne faut jamais le faire seul.
Il y a donc un travail de séparation et de reconstruction
qui doit se mettre en place. Passant par une phase
dépressive avant l’acceptation pour pouvoir enfin
se reconstruire. C’est une nouvelle élaboration
psychique. Ce ne sont donc pas tant des mécanismes
que des phases, mises en évidence dans la théorie du
psychologue Kubler-Ross en 1969 sur « l’affrontement
de la mort ».
LE CHOC :
Aida, professeur d’Anglais à l’université, vois son
univers s’effondrer lorsqu’elle ouvre sa porte ce Jeudi
du mois de Mars, son fils Nadir, la prunelle de ses yeux,
est mort assassiné la veille.
Que faire ? Pleurer est inutile parait-il, les cris sont
indignes, alors elle se taire dans le silence et la
neurasthénie, de toute façon elle n’a jamais été rodée
aux usages de circonstance comme le sont les femmes
de son âge. Elle n’a jamais été bonne à ça, elle voudrait
bien pourtant ; louer les services des pleureuses pour
manifester de sa peine avec leur lyrisme si exubérant.
Pendant les funérailles, elle reçoit machinalement les
condoléances des proches, des curieux qui veulent en
savoir plus sur ce fait d’hiver si mystérieux, des abonnés
aux drames qui sont attirés par l’odeur du sang et de
ce fait présents dans tout les enterrements, et de ceux
qui cherchent une bonne excuse profitant de cette
occasion macabre pour pleurer leur propre mort ou
exprimé un chagrin personnel.
Aida ne connais pas les circonstances exactes de la
tragédie, elle ne comprend rien, il n’y a à présent que
le vide.
LA COLERE :
Qui l’a tué ? Comment ? Pourquoi ? Ces
questions la hantent et la rage monte en elle en même
temps que le sentiment d’injustice.