ReMed 2019 Urgences ReMed Magazine Numéro 7-8 (6) | Page 58

Littéra’Tour Puisque mon cœur est mort Processus du deuil dans la littérature Amina Rahmani Présentation de l’auteur: e son vrai nom «Samia BENAMEUR», Maissa Bey est une écrivaine algérienne moderne née en 1950 à Ksar-El-Boukhari, Après des études de lettres à l’université d’Alger, elle enseigne le français au lycée puis devient conseillère pédagogique à Sidi Bel Abbès où elle réside toujours. Elle est cofondatrice et présidente de l’association «Paroles et Ecritures» qui encourage l’ouverture et les échanges culturels et soutiens les jeunes auteurs. D Parmi ses œuvres : - Nouvelles d’Algérie (Nouvelle) (Ed. Grasset, 1998 - Grand Prix de la nouvelle de la société des gens de lettres 1998) - Cette fille-là (Roman) (Ed. L’Aube, 2001 – Prix Marguerite Audoux) - Tu vois c’que j’veux dire ? (Théâtre –Chèvre-feuille étoilée, 2013) Maissa : « j’ai toujours été une boulimique de la lecture, c’était mon exutoire, mon refuge car le monde qu’elle m’offrait était infiniment plus intéressant. Plus jeune je restais enfermée dans ma chambre des heures à dévorer les grands classique de la littérature » Dans une rencontre lors du SILA. L’écriture la fascine: «écrire dit Maissa, écrire pour ne pas sombrer, écrire aussi et surtout contre la violence du silence, contre le danger de l’oubli et de l’indifférence» Processus du deuil dans le livre La perte d’un être cher, comme un fil, lorsque l’on est une mère célibataire dont le monde se condense en cet enfant tant chéri, est bien plus qu’une épreuve, c’est une véritable torture; violente et destructrice, une agonie chaque matin ravivée et jamais apaisée. Le personnage principal perd tout, car son «tout» est son fils, et que celui-ci est mort! Puisque son cœur est mort... Alors vient ce mot lourd de sens, «le deuil», comment le faire? Y a-t-il un schéma typique que l’on doit suivre pour y arriver ? Plus important, comment notre protagoniste va-t-elle surmonter (ou pas) ce monstre de l’absence ? En psychologie le deuil est défini comme « un état affectif douloureux provoqué par la mort d’un être aimé et la période de chagrin qui suit cette disparition » cela dit, toute perte ou transition dans la vie d’un individu 58 AUTOMNE 2018 /HIVER 2019 peut être considérée comme un état de deuil, car celui- ci est un processus d’adaptation par lequel le passage est inévitable dans le chemin plus ou moins long qui mène vers l’apaisement. Pour guérir ( car oui, on guérit de la perte d’un être aimé comme d’une maladie), la personne en souffrance pourrait avoir, éventuellement, besoin de l’aide d’une tierce personne qui serait capable de l’accompagner en faisant preuve d’empathie, de patience et de bienveillance, car même si l’on fait son deuil par soi- même, il ne faut jamais le faire seul. Il y a donc un travail de séparation et de reconstruction qui doit se mettre en place. Passant par une phase dépressive avant l’acceptation pour pouvoir enfin se reconstruire. C’est une nouvelle élaboration psychique. Ce ne sont donc pas tant des mécanismes que des phases, mises en évidence dans la théorie du psychologue Kubler-Ross en 1969 sur « l’affrontement de la mort ». LE CHOC : Aida, professeur d’Anglais à l’université, vois son univers s’effondrer lorsqu’elle ouvre sa porte ce Jeudi du mois de Mars, son fils Nadir, la prunelle de ses yeux, est mort assassiné la veille. Que faire ? Pleurer est inutile parait-il, les cris sont indignes, alors elle se taire dans le silence et la neurasthénie, de toute façon elle n’a jamais été rodée aux usages de circonstance comme le sont les femmes de son âge. Elle n’a jamais été bonne à ça, elle voudrait bien pourtant ; louer les services des pleureuses pour manifester de sa peine avec leur lyrisme si exubérant. Pendant les funérailles, elle reçoit machinalement les condoléances des proches, des curieux qui veulent en savoir plus sur ce fait d’hiver si mystérieux, des abonnés aux drames qui sont attirés par l’odeur du sang et de ce fait présents dans tout les enterrements, et de ceux qui cherchent une bonne excuse profitant de cette occasion macabre pour pleurer leur propre mort ou exprimé un chagrin personnel. Aida ne connais pas les circonstances exactes de la tragédie, elle ne comprend rien, il n’y a à présent que le vide. LA COLERE : Qui l’a tué ? Comment ? Pourquoi ? Ces questions la hantent et la rage monte en elle en même temps que le sentiment d’injustice.