ReMed 2019 Urgences ReMed Magazine Numéro 7-8 (6) | Page 46

Savoir & Vivre être retenues à l’égard du malade : la compassion et l’empathie. Par ce comportement, le médecin montrera à son patient sa présence et sa bienveillance, ce qui lui permet de mener sa consultation dans des conditions de confort psychologique. Le médecin doit également faire preuve d’humilité pour pouvoir reconnaitre et être conscient des limites de toute connaissance. Enfin, la prudence permet un calcul des risques engendrés par les moyens thérapeutiques choisis mais aussi les investigations entreprises qui ne doivent, en aucun cas, être condamnables, comme le dit si bien le Dr François Rabelais : « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme. » Pour mener cet échange, le praticien aura à sa disposition différents moyens de communication. La parole est évidemment en tête de liste de ces derniers. Elle est associée au ton de la voix ainsi qu’à la gestuelle et à l’expression du visage. L’échange verbal doit être clair et précis. Toute tentative de silence ou d’hésitation sera responsable de la panique du patient par leur perception d’un climat d’angoisse. L’échange verbal se concrétise alors par une communication écrite suite à la rédaction d’une prescription, un certificat ou tout autre document médical. Les informations écrites doivent être interprétées au fur et à mesure par le médecin dans le but d’éviter tout doute d’interprétation ou éventuelle confusion. Durant sa carrière, un médecin est confronté à une répétition des cas auxquels il a déjà fait face notamment sur le plan psychologique. Les attitudes à adopter se répètent également et se font alors d’une façon plus spontanée. Parmi les situations pratiques fréquentes, on cite : • Face à l’angoisse : l’attitude la plus adaptée pour faire face à l’angoisse de son patient est l’écoute bienveillante. La communication est alors centrée sur les préoccupations du malade et guidée par une réassurance constante de ce dernier. • Face à l’agressivité : certains médecins tolèrent mal les attitudes agressives de leurs patients et y réagissent d’une façon non similaire mais qui reste cependant agressive. l’attitude la plus adaptée à ce profil reste l’ouverture sur le dialogue en dépit des attaques, sans pour autant chercher à mener l’échange vers le rationnel. • Face à l’hypocondrie : maladie psychique de cause non organique. L’hypocondrie est une véritable maladie qui fait penser ironiquement au « malade imaginaire » de Molière. Une personne hypocondriaque fait preuve d’une peur maladive de développer une pathologie. 46 AUTOMNE 2018 /HIVER 2019 Pour y faire face, le médecin devra éviter d’entrer dans une spirale d’inquiétude en refusant la surenchère de médicalisation qui pérenniserait ce trouble. • Patient histrionique : une personne histrionique est définie par l’association américaine de psychiatrie (AAP) comme un personnage souffrant d’un trouble émotionnel se manifestant par un besoin exagéré d’attention. Cette demande excessive d’attention peut se voir avec le personnel de santé. La personne histrionique trouvera nécessaire consulter à plusieurs reprises son médecin refusant toute tentative de guérison qui représente pour elle une rupture du lien affectif avec ce dernier. Pour empêcher cette rupture, le patient entre alors dans un engrenage d’hospitalisations abusives sous prétexte d’iatrogénicité que le médecin devra prévenir. • Effet placebo : un placebo est une substance inerte pharmacologiquement , susceptible de modifier l’état du malade. Un placebo peut alors être positif « placebo- positif » et améliorer ainsi l’état, ou encore négatif «effet nocebo » en induisant des effets indésirables. L’effet placebo dépend de facteurs tels que sa présentation et la modalité des prises… Les sujets placebo répondeurs sont les sujets sociables et extravertis avec une attente par rapport aux effets du traitement. Le rôle du médecin réside alors dans l’influence de cette réponse par l’entretient d’une relation positive. Comme tout être humain, il est légitime qu’un médecin redoute certaines émotions réactionnelles de ses malades ou porte en lui une peur sous-jacente par rapport à elles. Il n’est jamais facile de faire face à l’effondrement psychologique de la personne concernée ou de sa famille notamment suite à L’annonce de cette nouvelle représente bien plus qu’un point de départ pour « une étape importante » de la vie du patient en particulier si le résultat est grave ou incertain. En urgence, l’importance de l’annonce du diagnostic diminue car l’échange d’information se fait à chaud et le patient fait généralement preuve d’une surdité émotionnelle. Contrairement à l’urgence, une annonce en consultation constitue un véritable échange dont le message doit être adapté à la structure mentale du patient. Conclusion : Durant de nombreuses années, la médecine s’est basée sur le dualisme cartésien pour construire ses relations. Descartes affirme dans sa théorie du dualisme l’existence de deux substances indépendantes : le corps d’une part, et l’âme de l’autre. Cette vision