Savoir & Vivre
être retenues à l’égard du malade : la compassion et
l’empathie. Par ce comportement, le médecin montrera
à son patient sa présence et sa bienveillance, ce qui lui
permet de mener sa consultation dans des conditions
de confort psychologique.
Le médecin doit également faire preuve d’humilité
pour pouvoir reconnaitre et être conscient des limites de
toute connaissance. Enfin, la prudence permet un calcul
des risques engendrés par les moyens thérapeutiques
choisis mais aussi les investigations entreprises qui ne
doivent, en aucun cas, être condamnables, comme le
dit si bien le Dr François Rabelais :
« Science sans conscience n’est que ruine de l’âme. »
Pour mener cet échange, le praticien aura à sa
disposition différents moyens de communication.
La parole est évidemment en tête de liste de ces
derniers. Elle est associée au ton de la voix ainsi qu’à la
gestuelle et à l’expression du visage. L’échange verbal
doit être clair et précis. Toute tentative de silence ou
d’hésitation sera responsable de la panique du patient
par leur perception d’un climat d’angoisse. L’échange
verbal se concrétise alors par une communication écrite
suite à la rédaction d’une prescription, un certificat ou
tout autre document médical. Les informations écrites
doivent être interprétées au fur et à mesure par le
médecin dans le but d’éviter tout doute d’interprétation
ou éventuelle confusion.
Durant sa carrière, un médecin est confronté à
une répétition des cas auxquels il a déjà fait face
notamment sur le plan psychologique. Les attitudes à
adopter se répètent également et se font alors d’une
façon plus spontanée.
Parmi les situations pratiques fréquentes, on cite :
• Face à l’angoisse : l’attitude la plus adaptée pour
faire face à l’angoisse de son patient est l’écoute
bienveillante. La communication est alors centrée
sur les préoccupations du malade et guidée par une
réassurance constante de ce dernier.
• Face à l’agressivité : certains médecins tolèrent
mal les attitudes agressives de leurs patients et y
réagissent d’une façon non similaire mais qui reste
cependant agressive. l’attitude la plus adaptée à ce
profil reste l’ouverture sur le dialogue en dépit des
attaques, sans pour autant chercher à mener l’échange
vers le rationnel.
• Face à l’hypocondrie : maladie psychique de cause
non organique. L’hypocondrie est une véritable maladie
qui fait penser ironiquement au « malade imaginaire »
de Molière. Une personne hypocondriaque fait preuve
d’une peur maladive de développer une pathologie.
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AUTOMNE 2018 /HIVER 2019
Pour y faire face, le médecin devra éviter d’entrer dans
une spirale d’inquiétude en refusant la surenchère de
médicalisation qui pérenniserait ce trouble.
• Patient histrionique : une personne histrionique
est définie par l’association américaine de psychiatrie
(AAP) comme un personnage souffrant d’un trouble
émotionnel se manifestant par un besoin exagéré
d’attention. Cette demande excessive d’attention
peut se voir avec le personnel de santé. La personne
histrionique trouvera nécessaire consulter à plusieurs
reprises son médecin refusant toute tentative de
guérison qui représente pour elle une rupture du lien
affectif avec ce dernier. Pour empêcher cette rupture, le
patient entre alors dans un engrenage d’hospitalisations
abusives sous prétexte d’iatrogénicité que le médecin
devra prévenir.
• Effet placebo : un placebo est une substance inerte
pharmacologiquement , susceptible de modifier l’état
du malade. Un placebo peut alors être positif « placebo-
positif » et améliorer ainsi l’état, ou encore négatif «effet
nocebo » en induisant des effets indésirables. L’effet
placebo dépend de facteurs tels que sa présentation et
la modalité des prises…
Les sujets placebo répondeurs sont les sujets sociables
et extravertis avec une attente par rapport aux effets
du traitement. Le rôle du médecin réside alors dans
l’influence de cette réponse par l’entretient d’une
relation positive.
Comme tout être humain, il est légitime qu’un médecin
redoute certaines émotions réactionnelles de ses
malades ou porte en lui une peur sous-jacente par
rapport à elles. Il n’est jamais facile de faire face à
l’effondrement psychologique de la personne concernée
ou de sa famille notamment suite à L’annonce de cette
nouvelle représente bien plus qu’un point de départ
pour « une étape importante » de la vie du patient
en particulier si le résultat est grave ou incertain.
En urgence, l’importance de l’annonce du diagnostic
diminue car l’échange d’information se fait à chaud
et le patient fait généralement preuve d’une surdité
émotionnelle. Contrairement à l’urgence, une annonce
en consultation constitue un véritable échange dont
le message doit être adapté à la structure mentale du
patient.
Conclusion :
Durant de nombreuses années, la médecine
s’est basée sur le dualisme cartésien pour construire
ses relations. Descartes affirme dans sa théorie du
dualisme l’existence de deux substances indépendantes
: le corps d’une part, et l’âme de l’autre. Cette vision