ReMed 2019 Urgences ReMed Magazine Numéro 7-8 (6) | Page 45

La psychologie médicale dans la relation médecin- malade : Quel que soit l’acte médical envisagé ou en cours, la communication médecin-malade est une donnée non négligeable à inclure dans le processus thérapeutique. Cette communication passe à la fois par une voie verbale et non verbale. La communication verbale se fait par l’intermédiaire d’un dialogue échangé entre le médecin et son patient lors d’un entretien médical. Durant cet entretien, le soignant doit alterner entre un temps de questionnement nécessaire au diagnostic, et un temps d’écoute. La communication doit impérativement être adaptée par le médecin au niveau socio-culturel du patient. La communication non verbale quant à elle, se définit par l’ensemble des gestuelles, regards, intonations de voix et émotions dégagés par les deux parties. Cette communication laisse libre cours au malade pour exprimer aussi bien ses peurs que ses inquiétudes et frustrations vis-à-vis de sa maladie. Cependant, elle exige au médecin une neutralité et une maitrise de ses réactions tout en mettant le doigt sur les inquiétudes du malade et en décodant son langage afin de répondre à ce qui semble être sa demande la plus forte dans le but ultime de le réconforter et le rassurer. Les tentatives d’adaptation du malade à sa maladie nécessitent une mobilisation de l’énergie psychique, pouvant ainsi induire un certain nombre de réactions. Chaque maladie déclenche chez le sujet de nouvelles modifications psychologiques et donc comportementales. Le médecin doit être apte à reconnaitre ces modifications ainsi que leurs origines afin d’y adapter son approche pour le bon déroulement du traitement. L’ensemble des changements notés ne sont, en vrai, qu’un mécanisme de défense psychologique adopté par le subconscient. Ces derniers sont expliqués par le modèle du « coping ». Le modèle du coping, issu des théories cognitivo- comportementales considère les changements psychologiques comme une réaction adaptative à un stimulus extérieur qui est le stress généré par l’annonce de la maladie. Ces stratégies d’adaptation à ce stress peuvent se manifester des façons suivantes : • Le déni et le déplacement : en dépit des résultats et examens en faveur de la présence de la maladie, le patient refuse de reconnaitre cette réalité et d’y faire face. Il préfère alors enfouir sa souffrance et fuir son affrontement avec ses maux en se focalisant sur d’autres aspects superficiels tels que les effets secondaires du traitement. • La régression : Cette réaction est fonction de la gravité de la maladie mais surtout de la personnalité du malade. Etant un processus normal suite au diagnostic, ce dernier devient inquiétant s’il n’est pas suivi par une reprise d’autonomie nécessaire à la guérison. • Les rites obsessionnels : Le malade, dans une tentative de maîtrise de sa maladie, s’engage à respecter toutes les prescriptions et suivre l’évolution de sa pathologie rigoureusement. cette obsession est guidée par le gage de la guérison comme corollaire à ces efforts. • L’agressivité : Certains malades déversent leur amertume en adoptant un comportement agressif envers leurs soignants ou leurs proches, dans le but de se protéger contre l’angoisse. Cette agressivité est justifiée par « l’incompétence » des médecins et l’implication affective « insuffisante » des proches. • La combativité : Le malade se sert de l’épreuve qu’il traverse pour se surpasser. Cette dernière donne naissance, dans certains cas, à une énergie et un dynamisme considérable. Certains se tournent alors vers le don de soi par le biais de création d’associations ou même l’écriture d’un livre. le but de cette lutte est alors expliqué par la volonté de vivre intensément le moment présent pour atténuer les souffrances à venir. • Le « clivage du moi » : Employé par FREUD pour désigner la coexistence de deux attitudes psychiques au sein du moi ; le clivage du moi se manifeste chez les malades suite à des rechutes itératives ou de nouvelles douleurs. Le patient est alors habité, à la fois, par un espoir et un désespoir. Suite à ce clivage, le malade demande un nouveau traitement pour se rassurer tout cela dans sa démarche animée par le besoin de protection à l’égard de développement de sa maladie. Au cœur de la consultation : Durant l’entretien, le médecin devra, avant toute chose, se munir de critères affectifs lui permettant un échange convenable avec son patient. Doivent alors ReMed Magazine - Numéro 7/8 45