ReMed 2019 Urgences ReMed Magazine Numéro 7-8 (6) | Page 44

Savoir & Vivre Psychologie thérapeutique Souhila Arfi Introduction : Quoi de plus précieux dans cette vie que la « vie » elle –même et que ce corps qui nous permet de la savourer pleinement ; Quoi de plus alarmant que de savoir ce dernier atteint d’un mal qui pourrait nous en détacher. Savoir son corps en difficulté et affronter ses appels à l’aide n’a jamais été chose facile. Un résultat d’examens médicaux en faveur d’une maladie qui soit chronique ou aigue, bénigne ou maligne sera toujours à l’origine d’une montagne russe émotionnelle auprès du malade. Stress, angoisse, anxiété allant parfois jusqu’à la dépression… une onde de négativité est générée. Cette dernière pourra certes être vaincue, ou au contraire prendre le dessus en fonction d’une variante dont l’importance s’avère être capitale : l’encadrement psychologique du malade ! A utrefois, vu comme une « métaphysique du mal » aussi bien par les malades que par les médecins, la maladie fut longtemps considé- rée comme une malédiction due à un état de désé- quilibre dans l’organisme. Le temps de ce langage étant définitivement révolu ; la maladie est de nos jours assimilée à un tiers imaginaire entre le malade et le médecin auquel chacun des deux attribue une conception différente. En effet, un médecin ou tout autre membre du corps médical, possède une ap- proche de la maladie qu’il construit en fonction de sa formation et de son milieu professionnel. Le malade, quant à lui, crée une image de cette même maladie basée sur des croyances et renforcée par des informa- tions piochées dans différentes sources mais surtout guidée par ses émotions. Ce décalage noté du côté du malade peut alors être à l’origine d’un « mal-être » psychique et émotionnel ressenti par ce dernier. La médecine moderne ne cesse de voir, depuis plusieurs années, de plus en plus de progrès dans le cadre de ses pratiques. Cependant, elle fait également face à certains défis, dont : le cloisonnement de ses acteurs dans leurs rôles étroits. En effet, tous déclinent la responsabilité de la prise en charge psychologique du malade. Pourtant, les résultats démontrent que l’application des meilleures techniques médicales est plus susceptible d’être confrontée à un échec si un processus psychologique, favorisant un environnement adéquat, n’est pas entrepris en parallèle. La psychologie médicale, l’une des disciplines fondamentales de la médecine, consiste en l’étude globale somatique de la personne, dont : tout ce qui englobe l’état psychique, social et relationnel en particulier avec son soignant. 44 AUTOMNE 2018 /HIVER 2019 Suite aux travaux du psychiatre hongrois Michael Balint, la psychologie médicale est désormais directement rapportée à la compréhension des significations conscientes et inconscientes de la relation médecin-malade. Les travaux du psychanalyste l’ont mené à tirer la conclusion que « le médecin est un remède en soi ». Persuadé que les bases de la relation médecin-malade ne peuvent être enseignées correctement par le biais de cours magistraux ; Balint eut l’idée de créer une société médicale. Cette dernière propose un concept dénommé : « les groupes Balint ». Les groupes Balint sont formés d’une douzaine de soignants et guidés par deux leaders de formation psychanalytique. A chaque séance, l’un des soignants propose un cas clinique critique qu’il a à sa charge. Les autres membres interagissent avec ce dernier en le questionnant, ce qui permet au narrateur d’éclairer sa relation avec son patient et aux participants d’acquérir une certaine expérience d’approche psychologique. Les leaders, quant à eux, se chargent d’assurer l’acheminement des soignants vers le rapport avec leur inconscient qui peut être responsable d’une implication émotionnelle. Au-delà des médecins, les groupes Balint sont une expérience ouverte à toute personne se trouvant impliquée dans des processus de soins. Il est important de souligner que la psychologie médicale est souvent confondue avec psychologie pathologique. Cette dernière se définit comme une pratique médicale ayant pour objet les différents troubles mentaux pouvant toucher une personne saine ou malade. Elle se base sur une comparaison du fonctionnement d’un sujet normal et son homologue malade.