ReMed 2019 Urgences ReMed Magazine Numéro 7-8 (6) | Page 43

aux traits plus crispés lorsqu’étaient appréhendés les abords pédagogiques et le système d’étude. « Nous avons un énorme problème de communication. Que cela soit avec les professeurs et surtout avec l’administration. Nos enseignants sont, pour la majorité, extrêmement peu joignables et l’administration, hormis les affichages imprévisibles, est invisible. A mon avis c’est un gros handicap pour notre développement que de n’avoir aucune oreille lorsque nous sommes confrontés à quelconque problème. Résultat, nous n’apprécions ni nos professeurs ni le personnel administratif, et qui dit pas d’amour dit pas de construction possible. » Disait par exemple cette étudiante en quatrième année de pharmacie. « Il faut expliquer à certains professeurs qu’il y’a d’autres manières plus intéressantes de faire un cours qu’une simple lecture de leurs diapositives. Déjà que les micros marchent une fois sur deux et que les data- shows déconnent parfois, on aimerait vraiment que les enseignants nous communiquent leur passion et nous donnent envie d’assister et d’interagir lors des cours magistraux au lieu de venir nous faire « la dictée ». Je n’ai pas mis un seul pied à l’amphithéâtre depuis le début de l’année à cause de cela.» nous racontait un groupe d’étudiants en troisième année de médecine. « Je ne comprends pas le fait que la consultation des copies ne soit pas automatique. Je juge que c’est mon droit de demander des comptes à celui qui corrige ma feuille et qui donc décide indirectement de mes compétences. Et puis, les programmes des modules devraient être affichés entièrement au début de l’année. Le programme entier que dis-je ?! Dates des cours, des travaux dirigés, des examens, etc. Normalement tout ça devrait être porté à la connaissance des étudiants dès la rentrée universitaire. Nous, on se retrouve parfois à prendre connaissance de la date d’un TD la veille, comment voulez-vous établir un emploi du temps correct et s’organiser efficacement dans un environnement aussi imprévisible ? » Expliquaient deux amies, étudiantes en deuxième année de médecine dentaire. « Moi, je suis en 4ème année de médecine, j’entame donc à peine mon cycle clinique et pourtant beaucoup de choses déjà me révoltent. Par exemple, sortant d’un stage pratique en infectiologie, je n’ai pas vu une seul fois notre professeur responsable. A chaque fois que je la demandais on me disait qu’elle était sortie, qu’elle était en réunion, etc. Et puis les modalités de l’examen pratique doivent absolument être revues. L’examen pratique est trop subjectif et dépend trop souvent de l’humeur de l’examinateur ou de la relation que l’on a avec ce dernier. Je connais deux personnes qui ont procédé exactement de la même manière lors de l’examen et qui ont quand même eu des notes différentes. » « L’internat en pharmacie n’est pas pertinent et ne nous aide pas entièrement à consolider nos connaissances comme il est censé le faire. L’encadrement aussi est vraiment insuffisant. Sans parler des années précédentes ! La répartition des modules est à revoir totalement. Je ne comprends pas qu’un module comme la botanique dans lequel nous ne parlons que de structure végétale soit enseigné pendant deux années alors que la pharmacognosie qui étudie les substances thérapeutiques végétales, ce qui est censé plus nous concerner, n’est enseigné qu’une seule année à l’instar de la pharmacologie qui me paraît comme étant un des modules les plus importants de notre cursus. Tout ceci n’est pas logique et ne nous aide vraiment pas à nous développer. Je pense qu’on devrait, même dans notre filière, penser à appliquer un système modulaire, je pense que ça nous aiderait énormément dans notre apprentissage et donc dans la revalorisation de notre profession. » Nous expliquaient précisément un groupe d’internes dont l’amour pour leur domaine était palpable. Malgré toute cette floraison d’avis aussi différents que pertinents et sincères, une chose commune ressortait chez tous ceux que nous avions interrogés. Voyez, même si la question posée incitait l’interlocuteur à se pencher plutôt sur l’aspect « négatif » de sa vision des choses ; ce qui aurait pu laisser prévoir un ton et une attitude fielleuse ; l’on pouvait remarquer chez la totalité de nos confrères une bienveillance sûre et complète envers leur faculté. Ce qui nous amène immanquablement à penser, malgré certains discours réactionnaires qu’ils nous arrivent tous d’entendre faisant de l’étudiant un feignant haineux, ingrat et incapable d’apprécier ce qu’il possède, qu’une volonté d’améliorer son environnement et de changer les choses pour le bien de tous existe et est ancrée profondément dans la personnalité de nos jeunes étudiants ; qui plus est, associée à une absence totale d’animosité ou de rancœur. L’espoir est ainsi bel et bien présent et concret, reste seulement à amorcer le dialogue. ___________________________________ Réalisé par : Rouabhi Rahmoun Amir Fares Rahmani Amina Benhabiles Mohamed Larbi Sofiane Photo : Khelassi Rahim ReMed Magazine - Numéro 7/8 43