aux traits plus crispés lorsqu’étaient appréhendés les
abords pédagogiques et le système d’étude.
« Nous avons un énorme problème de communication.
Que cela soit avec les professeurs et surtout avec
l’administration. Nos enseignants sont, pour la majorité,
extrêmement peu joignables et l’administration, hormis
les affichages imprévisibles, est invisible. A mon avis
c’est un gros handicap pour notre développement que de
n’avoir aucune oreille lorsque nous sommes confrontés
à quelconque problème. Résultat, nous n’apprécions ni
nos professeurs ni le personnel administratif, et qui dit
pas d’amour dit pas de construction possible. » Disait
par exemple cette étudiante en quatrième année de
pharmacie.
« Il faut expliquer à certains professeurs qu’il y’a
d’autres manières plus intéressantes de faire un cours
qu’une simple lecture de leurs diapositives. Déjà que
les micros marchent une fois sur deux et que les data-
shows déconnent parfois, on aimerait vraiment que les
enseignants nous communiquent leur passion et nous
donnent envie d’assister et d’interagir lors des cours
magistraux au lieu de venir nous faire « la dictée ». Je
n’ai pas mis un seul pied à l’amphithéâtre depuis le début
de l’année à cause de cela.» nous racontait un groupe
d’étudiants en troisième année de médecine.
« Je ne comprends pas le fait que la consultation des
copies ne soit pas automatique. Je juge que c’est mon droit
de demander des comptes à celui qui corrige ma feuille
et qui donc décide indirectement de mes compétences. Et
puis, les programmes des modules devraient être affichés
entièrement au début de l’année. Le programme entier
que dis-je ?! Dates des cours, des travaux dirigés, des
examens, etc. Normalement tout ça devrait être porté à
la connaissance des étudiants dès la rentrée universitaire.
Nous, on se retrouve parfois à prendre connaissance de
la date d’un TD la veille, comment voulez-vous établir un
emploi du temps correct et s’organiser efficacement dans
un environnement aussi imprévisible ? » Expliquaient
deux amies, étudiantes en deuxième année de
médecine dentaire.
« Moi, je suis en 4ème année de médecine, j’entame
donc à peine mon cycle clinique et pourtant beaucoup
de choses déjà me révoltent. Par exemple, sortant d’un
stage pratique en infectiologie, je n’ai pas vu une seul
fois notre professeur responsable. A chaque fois que je la
demandais on me disait qu’elle était sortie, qu’elle était
en réunion, etc. Et puis les modalités de l’examen pratique
doivent absolument être revues. L’examen pratique est
trop subjectif et dépend trop souvent de l’humeur de
l’examinateur ou de la relation que l’on a avec ce dernier.
Je connais deux personnes qui ont procédé exactement de
la même manière lors de l’examen et qui ont quand même
eu des notes différentes. »
« L’internat en pharmacie n’est pas pertinent et ne nous
aide pas entièrement à consolider nos connaissances
comme il est censé le faire. L’encadrement aussi est
vraiment insuffisant. Sans parler des années précédentes
! La répartition des modules est à revoir totalement. Je ne
comprends pas qu’un module comme la botanique dans
lequel nous ne parlons que de structure végétale soit
enseigné pendant deux années alors que la pharmacognosie
qui étudie les substances thérapeutiques végétales, ce qui
est censé plus nous concerner, n’est enseigné qu’une seule
année à l’instar de la pharmacologie qui me paraît comme
étant un des modules les plus importants de notre cursus.
Tout ceci n’est pas logique et ne nous aide vraiment pas à
nous développer. Je pense qu’on devrait, même dans notre
filière, penser à appliquer un système modulaire, je pense
que ça nous aiderait énormément dans notre apprentissage
et donc dans la revalorisation de notre profession. » Nous
expliquaient précisément un groupe d’internes dont
l’amour pour leur domaine était palpable.
Malgré toute cette floraison d’avis aussi différents que
pertinents et sincères, une chose commune ressortait
chez tous ceux que nous avions interrogés. Voyez, même
si la question posée incitait l’interlocuteur à se pencher
plutôt sur l’aspect « négatif » de sa vision des choses ;
ce qui aurait pu laisser prévoir un ton et une attitude
fielleuse ; l’on pouvait remarquer chez la totalité de nos
confrères une bienveillance sûre et complète envers
leur faculté.
Ce qui nous amène immanquablement à penser, malgré
certains discours réactionnaires qu’ils nous arrivent tous
d’entendre faisant de l’étudiant un feignant haineux,
ingrat et incapable d’apprécier ce qu’il possède, qu’une
volonté d’améliorer son environnement et de changer
les choses pour le bien de tous existe et est ancrée
profondément dans la personnalité de nos jeunes
étudiants ; qui plus est, associée à une absence totale
d’animosité ou de rancœur.
L’espoir est ainsi bel et bien présent et concret, reste
seulement à amorcer le dialogue.
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Réalisé par :
Rouabhi Rahmoun Amir Fares
Rahmani Amina
Benhabiles Mohamed Larbi Sofiane
Photo :
Khelassi Rahim
ReMed Magazine - Numéro 7/8
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