Sciences de la Santé
ces erreurs avant qu’ils ne causent des dommages aux
patients.
L’une des résultantes de l’évolution du rôle de
pharmacien au sein des différents hôpitaux est
la prévention active des évènements iatrogènes
médicamenteux. Elle s’effectuera par la vérification des
doses, des contre-indications, et des interactions entre
les médicaments prescrits, ainsi que les différentes
allergies qu’éprouveraient éventuellement certains
patients envers ces médicaments. Cette tâche était
accomplie loin du milieu clinique, généralement
à partir d’une pharmacie centrale de l’hôpital. La
venue de la pharmacie clinique, qu’elle soit en milieu
hospitalier ou en ambulatoire, a cependant permis aux
pharmaciens de développer une relation personnelle
avec le reste de l’équipe médicale, et d’avoir un accès
plus important aux informations liées aux patients et
leurs données cliniques. L’implication du pharmacien
dans les choix thérapeutiques spécifiques à chaque
patient a été reconnu comme un avantage financier
non négligeable par les instituts de santé, suite à la
réduction importante de la survenue des évènements
iatrogènes liées aux médicaments. Plusieurs auteurs
considèrent l’inclusion du pharmacien dans l’équipe
clinique d’une importance critique dans la garantie de
la sécurité du patient ; un chapitre entier a récemment
été consacré à la description du rôle du pharmacien
clinicien dans la prévention des effets indésirables,
au cours d’une analyse des pratiques de sécurité des
patients par l’AHRO (Agency for Healthcare Research an
Quality).[11]
Au niveau des services d’urgence par contre, le
potentiel du pharmacien ne semble pas avoir été
réalisé. En effet, 2000 rapports (réalisés par des
comités consensus) incluant des recommandations sur
l’approche des erreurs en milieu d’urgence n’ont pas
mentionné l’implication du pharmacien clinicien.[12]
De la même manière, dans un article traitant le travail
d’équipe au niveau des SUs et leurs conséquences sur
la sécurité des patients, le pharmacien n’a pas été
décrit comme un membre de l’équipe, alors que l’article
incluait des solutions telles que la phlébotomie, la Diet
et des services de nutrition.[13] Alors que beaucoup
d’hôpitaux ont mis en place des formations initiant les
pharmaciens à participer avec l’équipe médicale dans
sa réaction face aux traumatismes ou arrêts cardiaques,
pratiquement aucune formation ne concerne les
pharmaciens cliniciens affectés exclusivement aux SUs.
Ce déficit a été reconnu dans plusieurs publications,
confirmant que les pharmaciens urgentistes ont le
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AUTOMNE 2018 /HIVER 2019
potentiel d’améliorer la sécurité des patients.[14][15]
Aux États-Unis, 110 millions de patients reçoivent
des soins aux urgences chaque année. Ces données,
couplé au fait que l’environnement des urgences a un
taux d’évènements iatrogènes médicamenteux plus
élevé que la reste des milieux cliniques, montrent
que la survenue desdits évènements représente un
véritable problème de santé publique aux USA, et
par extrapolation dans le monde. La présence d’un
pharmacien clinicien dans les SUs paraît donc être une
intervention nécessaire, mais largement non exploitée.
Rôle du pharmacien clinicien dans la médecine
d’urgence
De sa participation à la formation médicale
sur les médicaments à haut risque jusqu’à l’éducation
thérapeutique des patients sortants, le pharmacien
urgentiste a la responsabilité de fournir toutes ses
connaissances en pharmacie clinique au service
des SUs, notamment la réalisation des suivis
pharmacocinétiques et thérapeutiques des patients.
De multiples responsabilités incombent le pharmacien
clinicien des SUs, incluant sans s’y limiter :
• Recueillir l’historique médicamenteux du patient
recherchant ainsi une éventuelle origine iatrogène
de l’hospitalisation, permettant aussi de concilier
les nouvelles prescriptions aux prises antérieures du
patient.
• Assurer un transfert d’information sans faute
concernant les médicamenteux pris par les patients
hospitalisés transférés à partir du SUs.
• Veiller à la sécurisation du circuit des médicaments
de l’unité, de leurs commandes à leur administration.
• Vérifier les ordonnances prescrites sur le plan
pharmaco-thérapeutique en plus du plan réglementaire.
Apportant ainsi un avis pharmaceutique dans la
validation des stratégies thérapeutiques (gestion des
contre-indications et interactions médicamenteuses en
fonction des patients en plus de garantir les bonnes
posologies, rythmes et vitesses d’administration)
• Assurer les suivis thérapeutiques des patients et
veiller à la surveillance biologique ou radiologique des
traitements médicamenteux.
• Participer
à
l’élaboration
de
protocoles
thérapeutiques médicamenteux et à leurs mises à jour,
dans le but d’optimiser les rapports risques/bénéfices
et coût/efficacité de la thérapeutique.
• Proposer des plans de prise ou d’administration
des médicaments (PAM) prescrits en recherchant les
incompatibilités physicochimiques médicamenteuses.