ReMed 2019 Urgences ReMed Magazine Numéro 7-8 (6) | Page 22

Sciences de la Santé ces erreurs avant qu’ils ne causent des dommages aux patients. L’une des résultantes de l’évolution du rôle de pharmacien au sein des différents hôpitaux est la prévention active des évènements iatrogènes médicamenteux. Elle s’effectuera par la vérification des doses, des contre-indications, et des interactions entre les médicaments prescrits, ainsi que les différentes allergies qu’éprouveraient éventuellement certains patients envers ces médicaments. Cette tâche était accomplie loin du milieu clinique, généralement à partir d’une pharmacie centrale de l’hôpital. La venue de la pharmacie clinique, qu’elle soit en milieu hospitalier ou en ambulatoire, a cependant permis aux pharmaciens de développer une relation personnelle avec le reste de l’équipe médicale, et d’avoir un accès plus important aux informations liées aux patients et leurs données cliniques. L’implication du pharmacien dans les choix thérapeutiques spécifiques à chaque patient a été reconnu comme un avantage financier non négligeable par les instituts de santé, suite à la réduction importante de la survenue des évènements iatrogènes liées aux médicaments. Plusieurs auteurs considèrent l’inclusion du pharmacien dans l’équipe clinique d’une importance critique dans la garantie de la sécurité du patient ; un chapitre entier a récemment été consacré à la description du rôle du pharmacien clinicien dans la prévention des effets indésirables, au cours d’une analyse des pratiques de sécurité des patients par l’AHRO (Agency for Healthcare Research an Quality).[11] Au niveau des services d’urgence par contre, le potentiel du pharmacien ne semble pas avoir été réalisé. En effet, 2000 rapports (réalisés par des comités consensus) incluant des recommandations sur l’approche des erreurs en milieu d’urgence n’ont pas mentionné l’implication du pharmacien clinicien.[12] De la même manière, dans un article traitant le travail d’équipe au niveau des SUs et leurs conséquences sur la sécurité des patients, le pharmacien n’a pas été décrit comme un membre de l’équipe, alors que l’article incluait des solutions telles que la phlébotomie, la Diet et des services de nutrition.[13] Alors que beaucoup d’hôpitaux ont mis en place des formations initiant les pharmaciens à participer avec l’équipe médicale dans sa réaction face aux traumatismes ou arrêts cardiaques, pratiquement aucune formation ne concerne les pharmaciens cliniciens affectés exclusivement aux SUs. Ce déficit a été reconnu dans plusieurs publications, confirmant que les pharmaciens urgentistes ont le 22 AUTOMNE 2018 /HIVER 2019 potentiel d’améliorer la sécurité des patients.[14][15] Aux États-Unis, 110 millions de patients reçoivent des soins aux urgences chaque année. Ces données, couplé au fait que l’environnement des urgences a un taux d’évènements iatrogènes médicamenteux plus élevé que la reste des milieux cliniques, montrent que la survenue desdits évènements représente un véritable problème de santé publique aux USA, et par extrapolation dans le monde. La présence d’un pharmacien clinicien dans les SUs paraît donc être une intervention nécessaire, mais largement non exploitée. Rôle du pharmacien clinicien dans la médecine d’urgence De sa participation à la formation médicale sur les médicaments à haut risque jusqu’à l’éducation thérapeutique des patients sortants, le pharmacien urgentiste a la responsabilité de fournir toutes ses connaissances en pharmacie clinique au service des SUs, notamment la réalisation des suivis pharmacocinétiques et thérapeutiques des patients. De multiples responsabilités incombent le pharmacien clinicien des SUs, incluant sans s’y limiter : • Recueillir l’historique médicamenteux du patient recherchant ainsi une éventuelle origine iatrogène de l’hospitalisation, permettant aussi de concilier les nouvelles prescriptions aux prises antérieures du patient. • Assurer un transfert d’information sans faute concernant les médicamenteux pris par les patients hospitalisés transférés à partir du SUs. • Veiller à la sécurisation du circuit des médicaments de l’unité, de leurs commandes à leur administration. • Vérifier les ordonnances prescrites sur le plan pharmaco-thérapeutique en plus du plan réglementaire. Apportant ainsi un avis pharmaceutique dans la validation des stratégies thérapeutiques (gestion des contre-indications et interactions médicamenteuses en fonction des patients en plus de garantir les bonnes posologies, rythmes et vitesses d’administration) • Assurer les suivis thérapeutiques des patients et veiller à la surveillance biologique ou radiologique des traitements médicamenteux. • Participer à l’élaboration de protocoles thérapeutiques médicamenteux et à leurs mises à jour, dans le but d’optimiser les rapports risques/bénéfices et coût/efficacité de la thérapeutique. • Proposer des plans de prise ou d’administration des médicaments (PAM) prescrits en recherchant les incompatibilités physicochimiques médicamenteuses.