ReMed 2019 Urgences ReMed Magazine Numéro 7-8 (6) | Page 18

Sciences de la Santé Ce syndrôme comprend deux entités: 1. les vascularites systémiques nécrosantes associées aux ANCA: l’association d’une dyspnée aiguë, d’hémoptysie, d’infiltrats pulmonaires et d’une anémie récente est particulièrement évocatrice du diagnostic. La réalisation d’une tomo-denssitométrie (TDM) thoracique met en évidence des condensations alvéolaires ou un verre dépoli, uni- ou bilatéral. La fibroscopie avec LBA (lavage broncho-alvéolaire) objective un saignement diffus avec un lavage homogène; 2. Glomérulonéphrite rapidement progressive: Caractérisée par une insuffisance rénale aiguë d’aggravation rapide, avec une hématurie et une protéinurie abondante. En cas de non-concluance des bilans biologiques, l’étude anatomo-pathologique d’une ponction biopsie rénale (PBR) permet de poser le diagnostic, et évalue le pronostic fonctionnel rénal, et le pronostic vital. Le diagnostic différentiel du SPR couvre un large éventail de pathologies dont l’examen clinique et le bilan initial (Tableau) doivent, dans la mesure du possible, les éliminer. C’est des pathologies qui sont difficiles à distinguer d’un SPR, se présentant sous forme d’hémorragie alvéolaire avec néphropathie vasculaire aiguë, comme: un syndrome catastrophique des anti- phospholipides (CAPS) qui est particulièrement), un purpura thrombotique thrombocytopénique (PTT) ou d’une sclérodermie. Les étiologies du SPR à évoquer en priorité sont les vascularites systémiques nécrosantes associées aux ANCA, et le syndrome de Goodpasture. 1. Vascularites systémiques nécrosantes associées aux ANCA: Incriminées dans 60 à 70 % des SPR; Elles constituent la principale cause de cette pathologie [11]. Les vascularites sont un groupe hétérogène, elles ont pour point commun d’être associées avec une fréquence variable aux ANCA. On en dénombre : la polyangéite microscopique, la polyangéite granulomateuse (anciennement maladie de Wegener), Le syndrome de Churg et Strauss. 2. Syndrome de Goodpasture (14 à 20 %) : Se présentant généralement comme un SPR « nu », c’est une maladie auto-immune déclenchée par un facteur précipitant (toxique, infectieux ...) dans un 18 AUTOMNE 2018 /HIVER 2019 terrain génétiquement prédisposé [12]. Ce syndrôme est confirmé par la présence des anticorps anti-MBG et par la ponction-biopsie rénale mettant en évidence des dépôts linéaires d’IgG anti-MBG. Plus rarement, le SPR peut être attribué à un lupus systémique, une cryoglobulinémie mixte, une néphropathie à IgA et un purpura rhumatoïde ou à une endocardite infectieuse subaiguë. Comme pour toute urgence la PEC du SPR comprend deux étapes: • Les mesures symptomatiques: Hospitalisation en réanimation, ventilation mécanique, dialyse; et • Le traitement spécifique du SPR : Il est extrapolé à partir du traitement des glomérulonéphrites extracapillaires, et des traitements de la pathologie responsable du SPR, parce que aucune étude clinique dans le traitement du SPR n’a été réalisée en raison de la rareté du syndrôme, son hétérogénéité, et l’impossibilité d’expérimenter vu l’urgence thérapeutique qui s’impose. > > Cependant la corticothérapie est systématique car son efficacité est pratiquement admise, bien que cela n’a toujours pas été démontré. > > L’utilisation d’immunosuppresseurs (cyclophos- phamide, mycophénolate mofétil) est recommendée : le cyclophosphamide est le seul traitement à avoir prouvé son efficacité à la phase initiale du syn- drome de Goodpasture. Il est aussi le traitement des références des SPR liés aux ANCA. > > Les échanges plasmatiques sont une thérapeutique essentielle du SPR et leur utilisation est cohérente avec la physiopathologie présumée de ce syndrôme. Une étude chinoise récente portant sur 221 cas de syndrome de Goodpasture rapporte que l’utilisation associée des corticoïdes, du cyclophosphamide et des échanges plasmatiques améliore le pronostic rénal et vital des patients. Pour le SPR lié aux ANCA l’échange plasmatique reste réservé pour les patients avec une créatininémie supérieure à 500 µmol/L. Conclusion : Le traitement du SPR est une urgence et doit être débuté dès la suspicion du diagnostic et l’élimination des diagnostics différentiels, car le pronostic vital est engagé à court terme. Dans la recherche de solutions thérapeutiques permettant de limiter la survenue d’effets secondaires, les biothérapies sont certainement une thérapeutique d’avenir des SPR. Bien qu’il reste rare, le SPR est une urgence à ne pas méconnaitre, à cause de son évolution rapide et fatale.