ReMed 2018 Remed 5 - Histoire de la Médecine | Page 19

Il constata que les personnes atteintes par la Vaccine( appelée variole de la vache, bénigne pour l’ homme) résistait mieux à la variole. Il décida alors de reproduire le processus naturel de manière artificielle. En mai 1796, il utilisa des sécrétions de vésicules d’ une personne atteinte de Vaccine et les incorpora à un jeune homme, ce dernier développa également la Vaccine. Il tenta ensuite d’ inoculer la variole au jeune garçon. Ce dernier ne développa pas la maladie. L’ hypothèse de Jenner confirmée, il synthétisa ses données dans son célèbre papier: An Inquiry into the Cause and Effects of the Variolae Vaccinae.
Réticents au début, les gens commençaient de plus en plus à se faire vacciner. C’ est ainsi qu’ au bout de plus d’ un siècle et demi d’ efforts, l’ OMS annonce officiellement la maladie comme étant éradiquée en 1979.
Ignaz Phillipp Semmelweis( 1818-1865), le médecin des mains propres Né à Buda en Hongrie en 1818, Ignaz Semmelweis était simple fils d’ épicier. Il voulut d’ abord réaliser le rêve de son père de le voir devenir juge militaire et entreprit des études de droit à Vienne. Il se tourna néanmoins très rapidement vers la médecine et obtint son diplôme en 1848. Il côtoya les grands maitres de son époque, tels que Joseph Škoda en médecine interne et Carl von Rokitansky en anatomie-pathologique. C’ est d’ ailleurs cette dernière spécialité qu’ il voulut exercer. Il fut cependant recalé et dut se contenter d’ un poste d’ assistant dans l’ un des deux département d’ obstétrique, sous la direction du professeur Klin. L’ autre département était dirigé par le professeur Barcht. Le professeur Klin rompait avec l’ approche de ses collègues et au lieu d’ utiliser des mannequins, il préférait enseigner à ses élèves sur des dissections cadavériques; Semmelweis était chargé d’ assurer les travaux pratiques.
Dès le début de sa carrière, il fut confronté à la dévastatrice épidémie de fièvre puerpérale qui faisait ravage à l’ époque, emportant plusieurs dizaines de milliers de femmes. Il ne cessait de s’ interroger sur l’ origine de ce fléau. La plupart des médecins évoquaient une cause intrinsèque liée aux femmes ellesmêmes qui était responsable de leur décès.
Néanmoins, Semmelweis n’ était pas convaincu par cette théorie. Et pour cause, il fut l’ un des premiers dans l’ histoire à employer intuitivement l’ épidémiologie. Il fut tout d’ abord intrigué de constater que les taux de mortalité n’ étaient pas les mêmes entre les départements d’ obstétrique. En effet, on mourrait davantage dans son département que dans celui du professeur Barcht. De plus, les femmes, arrivées à terme, étaient orientées vers l’ un ou l’ autre des services en fonction du jour de la semaine. Ce qui, en termes modernes, s’ apparente à une randomisation et excluait de facto une cause intrinsèque aux femmes.
Il décide alors d’ examiner plus attentivement les statistiques et se rend compte que les taux de mortalité étaient auparavant les mêmes pour les deux services. La mortalité n’ a augmenté dans son service que précisément à partir du moment où le professeur Klin décida d’ introduire la dissection cadavérique dans les cours. Il observa que les étudiants allaient des salles de dissection vers les salles d’ accouchement sans précaution particulière. Il conclut alors à l’ existence d’ un Agent Invisible responsable de la fièvre puerpérale qui se développait sur les cadavres et qui était malencontreusement transporté par les étudiants.
Semmelweis va encore plus loin dans l’ Evidence-Based et réalise l’ un des tous premiers essais cliniques de l’ histoire. Il demande aux étudiants de son service de se laver les mains à l’ aide d’ une solution d’ hypochlorite de calcium avant d’ entrer en salle d’ accouchement(= groupe d’ intervention); en même temps, il demande aux étudiants de l’ autre service de ne rien changer à leurs habitudes(= groupe de contrôle). Le résultat était époustouflant, la mortalité a très vite chuté pour arriver au même niveau que dans le service homologue.
ReMed Magazine- Numéro 5 19