ReMed 2018 Remed 5 - Histoire de la Médecine | Page 18
Sciences de la Santé
Ce point fut fondamental pour lui, il conclut
donc que les symptômes d’une maladie étaient liés à la
souffrance d’une partie bien spécifique du corps. Ses en-
quêtes étiologiques se concentrèrent alors à essayer de
déterminer l’origine exacte des différentes anomalies.
Il disséqua pas moins de 700 cadavres en présentant à
chaque fois un rapport détaillé sur l’histoire de la mal-
adie et les anomalies qu’il avait pu constater. Ce tra-
vail pharamineux lui prit plus de 50 ans et fut publié
dans son célèbre livre De sedibus et Causis Morborum
per Anatomen Indigatis (Recherches Anatomiques sur
le Siège et les Causes des Maladies).
Enfin, notons que malgré tous ses travaux,
Morgagni n’a jamais nommé aucune maladie, il se
contentait de les décrire. La plupart ont été nommées
après lui en se basant sur ses travaux.
John Hunter (1728-1793), le maître de la chirurgie
Dernier d’une fratrie de dix, John Hunter est né en 1728
en Écosse. Il se distingua dès sa plus jeune enfance par
son aversion pour l’école, les livres et tout ce qui touchait
de près ou de loin aux études. Il fuyait ses heures de
classe pour aller se promener dans les forêts et observ-
er les plantes et les insectes. Paradoxalement, cela sera
pour lui la base de ses futures recherches.
Après une adolescence oisive, John, arrivé à
l’âge de 20 ans, demanda à son frère William, alors
célèbre obstétricien et enseignant d’anatomie à Lon-
dres, s’il pouvait le rejoindre et l’aider dans ses activi-
tés. William fut très vite surpris par la grande dextérité
de son frère dans la manipulation des instruments de
dissection et l’invita à rejoindre les classes d’anatomie
et de chirurgie.
Il se distingua d’abord par ses études concer-
nant l’innervation de la région nasale, puis par ses
nombreuses études d’anatomie comparée sur dif-
férents animaux. Il rédigea une dizaine de traités.
Néanmoins, ce ne furent pas ses travaux qui le rendirent
célèbre mais plutôt quelques expériences... inédites.
Hunter n’a jamais hésité à braver les conven-
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tions et à expérimenter les procédés les plus fous, al-
lant jusqu’à mettre son propre corps en jeu.
Tout d’abord, en voulant étudier les phénomènes d’in-
flammation et de cicatrisation, Hunter n’a eu d’autre
idée que de mordre son propre tendon d’Achille et de
tranquillement faire la description du processus de ci-
catrisation.
Plus tard, il s’intéressa au débat à propos de
la Syphilis et de la blennorragie. Certains disaient que
c’étaient deux maladies différentes, d’autres que c’étaient
la même maladie. Hunter était partisan du second avis,
et pour prouver qu’il avait raison, il n’hésita pas à s’in-
oculer du liquide provenant d’une personne atteinte de
syphilis... directement dans ses parties génitales ! Mal-
heureusement pour lui, il ne savait pas que la personne
en question était atteinte des deux pathologies, il n’avait
donc rien prouvé. Bien tenté tout de même.
Hunter fut aussi un pionnier dans la transplantation,
il réalisa une série d’expériences sur animaux, rem-
plaçant tantôt une jambe par une autre, tantôt une
dent et parfois même un testicule.
Le meilleur pour la fin, un jour Hunter reçut
un patient se plaignant d’hypospadias (malformation
faisant que le méat n’est plus situé à l’extrémité de la
verge, les sécrétions sortent donc directement à tra-
vers le corps de la verge). Il lui conseilla de prendre
ses sécrétions séminales et de les injecter directement
dans le vagin de sa femme. Et la procédure a marché !
Même si Hunter et l’homme restèrent dubitatifs quant
à l’identité réelle du père de l’enfant...
Edward Jenner (1749-1823), le vainqueur de la
variole
Edward Jenner est né à Berkeley en Angleterre. Il se
distingua très vite à l’école par sa passion pour la bi-
ologie et l’histoire naturelle. Il entra à l’école de mé-
decine et fut le disciple du grand chirurgien Hunter.
À côté de sa pratique médicale, il multiplia les re-
cherches et fut l’un des premiers à décrire l’angine de
poitrine et les valvulopathies. Déjà à cette époque il
commençait à s’intéresser particulièrement à la vari-
ole, qui faisait ravage dans les classes populaires.