ReMed Magazine Littéra’Tour
D’abord, marcher c’est faire l’expérience du temps, avancer avec lenteur et respect sans oublier de penser. Chaque
grain que foule le marcheur, il l’observe se décompter du sablier du temps. Les minutes s’étirent, à l’heure où
tout va trop vite. Ensuite, Le marcheur fait l’expérience de la quiétude, il est déconnecté, il sort de la machinerie
imposée par son quotidien, il prend le choix hérétique de ne rien faire si ce n’est marcher, il va à contre sens. Par
ailleurs, Il fait aussi l’expérience de la distance, et celle de son environnement, d’une manière qui serait impos-
sible à reproduire en voiture.
On chemine alors, vers une marche en contre mouvement, une marche comme refuge à la modernité dévorante,
une marche qui compte de plus en plus d’adeptes. Une marche pour ne plus être pris par le temps, mais pour le
prendre, une marche pour reprendre l’ascendant sur sa vie
Que ce soit une randonnée en plein air, ou une flânerie urbaine, en quête de soi, de Dieu, ou en signe de protesta-
tion, chaque marche est une aventure de laquelle on sort grandi, un espace de réflexion éloigné des livres et des
bibliothèques, éloigné des conventions, une manière d’imposer le relief à la platitude de la vie. Ainsi, la représen-
tation la plus fidèle du Penseur, ne serait peut-être pas la sculpture éponyme de Rodin, mais plutôt « L’Homme
qui marche » de Giacometti. Si les bienfaits de la marche en tant qu’exercice physique ne sont plus à prouver, il
existe néanmoins une autre dimension, connue uniquement par ses fervents adeptes, celle de l’exercice spirituel.
Numéro 3
ReMed
33