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ReMed Magazine Savoir & Vivre
Dans un institut des Neurosciences, toutes les spécialités des Sciences Neurologiques sont réu-
nies comme la Neurologie, la Neurochirurgie, la Neuroradiologie, la Neurophysiologie, et d’autres
spécialités comme l’Ophtalmologie, l’ORL ; pour créer un pôle d’excellence référent.
Le plus grand Institut des Neurosciences dans le monde et celui de Hanovre en Allemagne, le INI
(International Neuroscience Institute) qui est fondé et tenu par Madjid Samii. Cet institut a eu des
petits frères et sœurs dans le monde : à Shanghai, Téhéran, et dans d’autres pays développés ou
émergeants.
Là, je voudrais ouvrir une parenthèse pour dire que les trois maitres de la Neurochirurgie dans les
dernières quarante années passées sont des musulmans : on a Mahmut Gazi Yasargil, le fondateur
de la Microneurochirurgie, qui est turque, il était à Zurich et maintenant il est installé aux États-
Unis; on a Ossama Al-Mefty qui est d’origine syrienne, il est à Boston dans le MIT (Massachusetts
Institute of Technology); et Madjid Samii qui est d’origine Iranienne, il dirige l’Institut Internation-
al des Neurosciences.
Vous avez occupé plusieurs postes durant votre vie, exigeant dévouement, responsabilité et
disponibilité ; cependant, que fait le Professeur ABDENNEBI durant ses moments de détente
et de loisir ?
Quand je suis un peu libre je prends le Coran pour lire, apprendre encore ou comprendre ; parce
que lorsque je suis occupé, je considère que le travail passe avant, et heureusement. Comme je
suis grand-père, je reçois souvent mes enfants et mes petits-enfants, et ça fait des journées de
bonheur. Sinon, je regarde la télévision aussi. En fait, je regardais la télévision lorsqu’il y avait les
sketchs des anciens comédiens Algériens. Sinon j’aime aussi écouter la musique andalouse, hawzi,
chaabi. Je fais de la marche, j’aime bien le sport, d’ailleurs j’ai une équipe de football favorite, et je
suis très d’actualité en ce qui concerne les sports individuels.
Quel est le souvenir le plus marquant de votre parcourt ?
Les souvenirs... ils sont nombreux. Je me rappelle lorsque j’étais résident en fin de 2 e année, j’étais
chirurgien de garde à Mustapha, un malade est arrivé et un diagnostic d’hématome extradural a
été posé. J’étais dans mes débuts et j’avais appris que l’hématome extradural était une urgence par
excellence, il fallait donc opérer le malade très rapidement. On avait un Chef de bloc formidable,
je lui ai mis un peu la pression et l’ai embêté en lui disant : « donnez-moi ça, dépêchez-vous, le
malade va mourir, il a une mydriase unilatérale ! ». Ce Chef de bloc (avec qui par la suite on a eu
de très bons rapports) s’est donc dirigé vers le Chef de Service pour se plaindre de ce que j’avais
fait.
En parallèle à votre réussite dans le domaine scientifique, vous êtes reconnu pour votre sens
prononcé de l’Ethique Médicale, quelle est votre conception de l’éthique et comment l’avez-
vous forgée ?
Quand je parle d’éthique je reviens à la morale, et quand je parle de morale je reviens aux parents.
L’éthique à mon sens, revient à l’éducation, la première qu’on a reçue des parents. Et l’éducation
que j’ai reçue de mes parents était bien droite, mon père qui d’ailleurs ne cessait de me répéter
durant toute sa vie jusqu’à son décès : « Est-ce que vous avez vu un jour quelqu’un ramener un
couffin à votre père ? », alors qu’il était architecte directeur de l’urbanisme au ministère de l’hab-
itat. C’était des parents fidèles à eux-même que rien au monde ne pouvait changer dans leur
attitude de tous les jours.
Après, en Médecine et en Neurochirurgie, j’ai eu la chance d’avoir le Professeur ABADA comme Chef
de Service. Il était exactement le reflet de mon père et ma mère, intransigeant sur la ponctualité
et la rigueur. Je me rappelle que le colloque du matin était à 8h:30, lorsqu’on arrivait à 8h:32, pour
deux minutes de retard, il fallait marcher sur la pointe des pieds pour ne pas attirer son attention.
Dans le milieu professionnel nous avons à faire à des êtres humains, il faut donc être très bien-
veillant. Il faut se mettre au même niveau que ce malade qui est dans un déficit en santé et qui
n’a pas le même rôle social que vous, c’est-à-dire Médecin : il faut s’asseoir à son côté pour être à
son niveau, sur son lit.
Jusqu’aujourd’hui rien ne peut déroger au règlement d’éthique que nous avons appris. Vous savez
pour la maladie de PARKINSON, il y a une liste d’attente autour de deux cents malades. C’est un
ordre chronologique que personne ne peut faire bouger, et je veille pour qu’il soit respecté en
dépit de l’intervention de quiconque, même si c’est une personne de ma famille.
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ReMed
Automne 2017