ReMed 2016 ReMed Magazine N°1 - Nervous System | Page 16

ReMed Magazine Sciences de la Santé ALZHEIMER : Comprendre La Maladie Considérée pendant longtemps comme maladie rare, Alzheimer, pathologie de la vieillesse, est devenue la première cause de dépendance chez le sujet âgé. C’est la plus fréquente des maladies démentielles. Elle n’en est pas moins une composante anormale du processus de maturation de la personne. Ses conséquences physiques, psychologiques et socioéconomiques en font une contrainte pour les personnes chargées des soins ainsi que les familles. N O U R E L – H O U D A T A Z R O U T S elon la fédération « Alzheimer Disease International », elle toucherait environ 44 millions de personnes à travers le monde. Malheureusement, seulement 1 personne sur 4 est diagnostiquée et prise en charge. En Algérie, le nombre de cas est en nette progression : La Société Algérienne de Neurologie et de Neurophysiologie Clinique (SANNC) parle de 100.000 personnes atteintes par la maladie d’Alzheimer à travers le territoire. « C’est une estimation nationale réelle, même si nous ne recevons que 10.000 malades en consultation », a attesté le professeur Arezki Mohamed, ancien président de la SANNC. On estime que le nombre de cas dans le monde devrait atteindre 8.4 Millions en 2030 et 13.8 millions en 2050. Ces chiffres soulignent la nécessité de maı̂triser le B.A.-BA maladie. Malgré la découverte du Dr. Alzheimer et sa publication, les symptômes de la maladie demeurèrent, pour la plupart des psychiatres, une forme particulière de paralysie générale, d'épilepsie, voire un simple processus normal du vieillissement non moins habituel chez les patients âgés. Ce n'est qu'en 1960, grâce à la découverte d'un lien entre la détérioration des fonctions cognitives et le nombre de plaques séniles, qu'on la reconnut comme étant une maladie à part entière. Depuis ce jour, elle suscite l'intérêt des scienti�iques chercheurs, qui découvrent rapidement un lien génétique, expliquant les formes familiales. A� la suite de cette découverte, ils entament une série d'études approfondies, qui ne peuvent nous laisser qu’optimiste, concernant l’avènement de nouvelles méthodes diagnostiques et thérapeutiques. Je vous propose, à travers cet article, de développer les principales connaissances qui vous aideraient à mieux comprendre cette pathologie. Aux origines de la maladie : Alois Alzheimer, neuropsychiatre, publia en 1907, à l’occasion de la 37 ème conférence des psychiatres allemands à Tübingen, un article concernant le cas d’une de ses anciennes malades, Auguste Deter. A� gée seulement de 51 ans, elle présentait des troubles majeurs de la mémoire, un délire de jalousie, accompagnés d’une désintégration majeure des fonctions cognitives, évoluant progressivement durant les 4 dernières années à une « démence » ; Mais une singularité posait problème, elle était trop jeune pour être sénile. On lui avait diagnostiqué ce qu’on appelait, en ce temps-là, une « démence présénile ». La prise en charge était limitée à des bains chauds et tièdes, des exercices physiques, des massages, des règles diététiques, avec usage du chloroforme en cas d’agitation. Un peu rustre me diriez-vous, mais il faut savoir, qu’à cette époque, la thérapeutique psychiatrique n'était qu'à ses balbutiements. Après son décès, le Dr. Alzheimer obtint la permission d’autopsier son corps. Invraisemblable, la surprise était au rendez-vous. Il retrouva une atrophie cérébrale prédominante au cortex impliqué dans les fonctions de mémoire, langage, jugement et pensée. Il décida alors d’aller plus loin et examina son cerveau à l’aide de la technique d’imprégnation argentique. Deux types de dépôts anormaux apparurent en intra et extra neuronal. Ces dépôts, dénommés plaques séniles, avaient déjà été observés par Blocq et Marinesco en 1892, mais ce fut la première fois qu’Alzheimer les observait chez une personne aussi jeune. Mais qu’est-ce que la démence ? L’OMS dé�init la démence comme étant un syndrome, généralement chronique ou évolutif, dans lequel on observe une altération de la fonction cognitive (capacité à effectuer des opérations de pensée), plus importante que celle que l’on pourrait s’attendre lors du vieillissement normal. Elle affecte la mémoire, le raisonnement, l’orientation, la compréhension, le calcul, la capacité d’apprentissage, le langage et le jugement. La conscience n’est pas touchée. Une détérioration du contrôle émotionnel, du comportement social ou de la motivation accompagne souvent, et parfois précède, les troubles de la fonction cognitive. 15