ReMed 2016 ReMed Magazine N°0 - HIV/AIDS | Page 17

Troisièmement, lorsque, dans une conversation ou un débat, il est question d’ éléments culturels ou intellectuels étrangers( venant d’ autres sociétés, d’ autres cieux), l’ opinion majoritaire insistera toujours sur un rejet ferme et inébranlable de ces éléments et optera pour la sauvegarde des éléments familiers sous prétexte de leur appartenance à l’ identité collective actuellement présente et sans autre justification logique. Cela signifie que l’ identité, individuelle ou collective, est construite beaucoup plus par opposition à une identité, étrangère que par nécessité de son existence même. Autrement dit, cette identité fait office de bouclier censé protéger la société du danger fictif que pourrait représenter le concept de mondialisation et du multiculturalisme.
Quatrièmement, il faut admettre que dans la société actuelle, nous vivons une véritable guerre identitaire qui n’ est pas justifiée d’ un point de vue logique ou moral. En effet, certains, pour donner du vent aux poupes à leur identité, ont recours à des moyens politiques pour forcer d’ autres à apprendre leur langue; aussi, deux collectivités s’ entretuent pendant plusieurs jours à cause d’ une question religieuse constituant un élément essentiel dans leurs identités respectives.
D’ un point de vue diachronique, certains éléments environnementaux vont à l’ encontre de l’ individu tout au long de sa construction identitaire.
Dans son plus jeune âge, l’ enfant est couvé, gâté et aucun de ses caprice n’ est discuté, l’ enfant est alors roi.
Puis vient l’ âge du « non » et du « pourquoi », qui correspond à l’ âge chronologique de la 2 ème à la 3 ème année de vie. Pendant cette période, l’ enfant cherche son autonomie identitaire en marquant son territoire physique( corps, objets personnels, endroit, lit, etc.) et moral( imposition de ses idées, de ses préférences dans les rapports sociaux, etc.). Pourtant, c’ est à cet âge que tout s’ écroule: l’ enfant est gâté sur le plan matériel, ignoré sur le plan moral et intellectuel( les parents n’ écoutent pas leurs enfants et ne parviennent pas, du fait de leur impotence intellectuelle, à leur expliquer les choses) et, par – dessus tout, l’ enfant prend des coups douloureux lorsqu’ il fait des bêtises sans avoir le droit à l’ écoute ni à l’ explication de la part de ses parents. Dans d’ autre cas, l’ enfant ignoré et gâté fait des

16 bêtises sans être sanctionné. Au cours de cette 2 ème ou 3 ème année, l’ enfant démarre une construction anarchique de son identité et de ses références. Une identité fragile qui se maintient sur les piliers de la structure morale de la famille.

Plus tard, à partir de la 5 ème année de vie, l’ identité fragile est toujours détruite lorsque l’ enfant établit des rapports sociaux à l’ extérieur de la cellule familiale. En effet, l’ enfant, n’ ayant pas d’ outils moraux et intellectuels pour faire face aux contraintes sociales( les rapports difficiles avec le maître d’ école et les camarades de classe), s’ effondre sur lui – même sans s’ en rendre compte. Parfois, l’ enfant ne s’ effondre pas mais remplace ce qu’ il a appris par de nouvelles acquisitions. Dans tous les cas, l’ enfant va s’ adapter à l’ environnement dans lequel il vit le plus( l’ école, la rue, les copains) en se détachant de ses repères familiaux( les parents vont toujours ignorer les nouvelles acquisitions de leur enfant puisqu’ ils ne communiquent avec lui qu’ à propos des devoirs d’ écoles ou des querelles d’ enfants). Que ce soit dans la famille ou dans la société, l’ enfant n’ est pas poussé vers l’ effort de production individuelle et de construction d’ identitaire propre, faute de repères pédagogiques fiables. Le tablier à l’ école est, à mon avis, l’ une des plus grandes aberrations pédagogiques du moment: censé être un outil représentatif de l’ égalité entre les enfants( but recherché par les administrateurs pédagogiques), il devient rapidement un outil pour dissoudre le « soi »( l’ enfant ne peut plus exprimer ses préférences, son identité à travers le vêtement, une phase essentielle dans la socialisation, et finit par se dissoudre lui – même dans l’ ensemble).
Ainsi, cet enfant dissout va commencer à s’ imprégner du discours ambiant, de l’ identité collective, et va l’ utiliser pour construire son identité; une identité anarchique, tronquée, qui le rend dépourvu de sens moral et d’ opinion objective.
À l’ âge adulte, on se retrouve face à un individu dont l’ unique caractéristique est le « vide identitaire ». Un vide qu’ il faut remplir avec autre chose que l’ identité collective, et cette chose référentielle est le principe d’ égalité des droits et des devoirs. C’ est ce que Saint Exupéry décrit comme abâtardissement de l’ égalité en identité. Dans la