ReMed 2016 ReMed Magazine N°0 - HIV/AIDS | Page 18

17 société actuelle, c’ est la religion qui va jouer ce rôle: censé être un balisage et un guide référentiel pour construire une identité saine, elle est devenue, elle – même, une identité à part entière, adoptée et véhiculée par ce que l’ on appelle caricaturalement les « barbus ». L’ individu portera son regard focalisé vers la balise qui lui sert de repère et oublie de regarder sa route de laquelle il est, vraisemblablement, en train de s’ égarer.

Lorsque l’ on multiplie les phénomènes cités ci – dessus par plusieurs millions, on obtient la société actuelle. Une société faite d’ enfants de 5 ans dans des corps adultes, ignorant ce qu’ ils sont, ce qu’ ils doivent faire ou dire et ce qu’ ils ne doivent pas faire ou dire.
UN PROBLEME, UN REMEDE
Les solutions que l’ on peut proposer restent difficiles à mettre en œuvre et nécessitent du temps pour porter leur fruit, car il s’ agit, là, d’ inverser le processus de destruction, de rompre le cercle vicieux qui s’ installe. Le seul organisme social capable d’ initier le changement reste l’ école, qui doit effectuer un travail pédagogique sur des enfants perdus entre les parents, à l’ état végétant, et l’ anarchie sociale.
Dans un premier temps, il faut revisiter les références sociales et les valeurs morales. Il faut que les institutions spécialisées offre à la société une nouvelle lecture des textes divins et prophétiques qui congruent avec les tendances sociales actuelles. Les prêches, les écrits et les discours religieux doivent davantage véhiculer des préceptes qui régissent le comportement de l’ individu parmi les autres( chez lui, dans la rue, dans les différentes institutions) que de s’ entêter à lui faire réciter des invocations. La question de la femme est l’ un des exemples les plus éloquents et les plus délicats du moment: on insiste sur le fait que l’ homme ne doit pas serrer la main d’ une femme alors que cette dernière continue à être battue et violée, en silence, par son mari, sa fratrie et ses parents.
Dans un deuxième temps, il faut créer un certain détachement entre la vie de l’ individu et la religion: la règle doit éduquer mais la règle ne doit point étouffer. En outre, la règle doit servir de repère à l’ individu dans sa construction identitaire mais elle ne doit pas l’ empêcher d’ apprendre des choses sur lui – même et sur les autres, de prendre le temps de vivre les plaisirs de la vie et de remercier Dieu pour cela au lieu de se recroqueviller dans une mosquée à invoquer Dieu sans que l’ âme perdue ne suive.
Dans un troisième temps, il faut orienter le discours vers la nécessité d’ acquérir le savoir, quel qu’ il soit, quelle que soit son origine, et ce, dès la tendre enfance. Françoise Sagan disait: « La culture, c’ est ce qui reste quand on a tout perdu ». Le savoir, c’ est l’ outil du jugement, il sert de renfort à la morale et ses valeurs et permet d’ étendre son champ d’ application. Juger du bien et du mal est bien compliqué, le savoir éclaire les lanternes et nous montre combien de caractères et de comportements, bons à la base, se révèlent mauvais à la suite de leur application. Le savoir permet d’ aborder les éléments de la vie avec plus d’ ouverture et d’ objectivité et d’ enrichir beaucoup plus rapidement les éléments identitaires.
Quant à l’ identité collective, il faut cesser de la castrer dans des symboles désuets et dans de la poterie de troisième choix. Il faut juste avoir à l’ esprit que les éléments identitaires collectifs s’ enrichissent, spontanément, à partir des identités individuelles fortes et bien construites lorsque les principes de tolérance et d’ égalité des chances sont respectés et lorsque le concept de multiculturalisme est accepté et intégré.
Il faut, en dernier lieu, refonder le concept de l’ union. Les gens pensent qu’ en étant pareils ils sont unis et fort, ce qui est totalement faux. Dieu a créé des êtres différents sur tous les plans et on veut en faire des clones. Il faut, plutôt, dire qu’ il faut être différents et complémentaires, les uns aux autres, pour être unis et forts.
En conclusion, il faut dire qu’ il est difficile de cerner le problème dans sa globalité car beaucoup d’ éléments interfèrent et s’ intriquent entre eux. Il s’ agit, ici, de relever un certain nombre de points directement accessible à l’ esprit et de réveiller un peu les consciences endormies. La responsabilité retombera sur la jeunesse qui devra faire l’ effort d’ initier les changements.
N. TOUAA