REESOR
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Le lendemain, les hommes délimitent chacun un lot de 75 acres. Quelques jours plus tard, les lots sont enregistrés avec un agent des Terres. Avant son départ pour Toronto, M. Reesor promet de s’interposer auprès des différents ministères publics afin de faire construire des installations qui faciliteraient le transport du bois et des chemins de concessions.
Au début de la colonisation, des lots de 150 acres sont accordés pour la colonisation dans le nord de l'Ontario, mais le gouvernement a récemment réduit de moitié la grandeur des lots qui sont alloués aux colonisateurs.
Pendant les mois qui suivent, les hommes s’affairent à la construction d’habitations pour leur famille respective en plus de défricher les premiers kilomètres de chemins. Finalement, c’est en octobre de la même année que leur famille arrivent au millage 103. Les installations sont précaires, mais les espoirs subsistent. Même un premier hiver désastreux ne viendra à bout de leur détermination.
L’ambition de former un « nouvel empire mennonite » est présente dans tous les esprits. Si certains ont des doutes, ils n’osent pas les exprimer.
L’attrait pour ce « royaume » se répand dans d’autres congrégations et en peu de temps, plusieurs autres familles arrivent du Manitoba et du Sud ontarien pour s’y installer.
Il est difficile de concevoir l’ampleur de la tâche quand il faut établir une communauté entière. Il ne s’agit pas seulement d’avoir un toit sur la tête, mais il faut se déplacer, s’éduquer, s’amuser, se soigner, se nourrir et pratiquer sa religion. Tout est inexistant, tout est à organiser, à établir, à construire. L’isolement n’est toutefois pas vu comme un obstacle, car les communautés mennonites préfèrent généralement rester à l’écart des influences externes.
Le mennonisme
est un mouvement religieux,
connu également
sous le nom d’anabaptiste,
dont les membres partagent
plusieurs convictions.
Les communautés mennonites
visent l’autonomie
avec leurs écoles et leurs églises
ainsi que l’autosuffisance,
qu’ils obtiennent principalement
par leurs propres activités agricoles.
Dès le début, la communauté réalise le besoin d’une organisation formelle pour les représenter auprès des autorités gouvernementales, car la plupart des habitants ne parlent pas l’anglais. Un conseil est formé et les priorités sont établies.
L’éducation des enfants est à la tête de cette liste, et les démarches sont entreprises auprès du gouvernement ontarien pour établir une commission scolaire et leur permettre d’offrir des cours d'allemand et de religion en plus du curriculum obligatoire en anglais.