166 L . Vaillant : Radioprotection 2024 , 59 ( 3 ), 164 – 172
( 0,6 rem par semaine ou environ 300 mSv par an ), organes hématopoïétiques ( 0,3 rem par semaine ), ovaires et testicules ( 0,3 rem par semaine ) et cristallin ( 0,3 rem par semaine ou environ 150 mSv par an ).
Dans ses recommandations de 1959 ( ICRP , 1960 ), la Commission utilise une nouvelle fois le concept de dose admissible , établissant qu ’ en pratique , il faut limiter la dose à un niveau qui n ’ induit pas un risque jugé inacceptable , tant au niveau individuel que collectif : « Tout écart par rapport au bruit de fond peut entraîner un risque d ’ effets délétères pour la santé . On suppose donc qu ’ une exposition prolongée aux rayonnements ionisants d ’ origine artificielle , en plus de l ’ exposition aux rayonnements d ’ origine naturels , comporte un risque . Cependant , l ’ homme ne peut pas se passer entièrement de l ’ utilisation de sources radioactives , et le problème en pratique est donc de limiter la dose de rayonnements à un niveau qui implique un risque qui n ’ est pas inacceptable pour l ’ individu et pour la population . C ’ est ce qu ’ on appelle la dose admissible ».
Plus précisément , la dose admissible est présentée comme une dose accumulée au fil du temps ou non qui , au regard des connaissances scientifiques , est associée à une probabilité négligeable d ’ effets somatiques ou génétiques sévères . Les effets pouvant survenir à ce niveau d ’ exposition sont qualifiés de mineurs et non considérés comme inacceptables pour l ’ individu exposé et par les autorités médicales compétentes . On relève également « On peut donc s ’ attendre à ce que les doses permises produisent des effets qui ne pourraient être détectés que par le biais de méthodes statistiques appliquées à de grands groupes ».
Pour les expositions professionnelles , la CIPR introduit l ’ approche suivante pour la dose admissible maximale en rems pour les gonades , les organes hématopoïétiques et le cristallin : D = 5 ( N�18 ) avec D la dose à l ’ organe considéré et N l ’ âge en année . Pour un travailleur , dans sa 19 e année , la formule implique une dose admissible maximale de l ’ ordre de 0,1 rem ( 1 mSv ) par semaine . Par ailleurs , la Commission recommande que la dose n ’ excède pas 3 rems sur 13 semaines consécutives . Pour les autres organes , la Commission recommande une dose maximale à la peau et à la thyroïde de 8 rems sur 13 semaines consécutives ; une dose maximale de 20 rems sur 13 semaines consécutives pour les mains , avant-bras , pieds et chevilles ; une dose maximale de 4 rems sur 13 semaines consécutives pour les organes internes autres que la thyroïde , les gonades et les organes hématopoïétiques . Pour la population résidant à proximité d ’ une installation , la Commission recommande que la dose totale annuelle pour les gonades , les organes hématopoïétiques et le cristallin n ’ excède pas 0,5 rem .
3 Quantification du risque aux faibles doses et définition de critères dosimétriques
En 1966 , la Publication 8 de la CIPR ( ICRP , 1966a ) porte sur l ’ évaluation du risque associé à une exposition aux faibles doses ( low doses of radiation ). La Commission indique que connaître l ’ ordre de grandeur du risque aux faibles doses ( e . g ., les doses d ’ intérêt pour la radioprotection ) permet de définir des critères de protection , tout en soulignant les limites et les incertitudes de l ’ approche . La Commission souligne par ailleurs que des limites de même nature sont rencontrées pour d ’ autres types de risques . Aux faibles doses ( moins de 10 rads par an ou 50 rads de manière aiguë ), les effets somatiques considérés sont l ’ induction de cancer ( leucémie , autre néoplasme , cancer de la thyroïde , sarcome osseux ), le développement d ’ anomalies développementales du fœtus et la réduction de l ’ espérance de vie . La Commission propose , pour les cancers , les estimations de risque suivantes : – leucémies : 20 décès pour 10 6 personnes exposées à 1 rad
( ou 10 mSv ) ; – autres néoplasmes : 20 décès pour 10 6 personnes exposées à 1 rad ( ou 10 mSv ) ;
– cancer de la thyroïde : 10 à 20 cas pour 10 6 personnes exposées à 1 rad ( ou 10 mSv ).
La Publication 8 de la CIPR est suivie de nouvelles recommandations générales , également publiées en 1966 ( ICRP , 1966b ). Le système de radioprotection de la Commission vise à prévenir les effets aigus ( dose corps entier de l ’ ordre de la centaine de rads , e . g ., 1000 mSv ou 1 Sv ) des rayonnements ionisants et à limiter le risque d ’ effets tardifs ( leucémie , autres cancers , cataracte , dommage de la peau , altération de la fertilité , vieillissement prématuré ) à un niveau acceptable . Le terme risque acceptable est défini comme suit « Toute exposition aux rayonnements est supposée induire un risque d ’ effets délétères . Cependant , à moins que l ’ homme ne souhaite renoncer aux activités impliquant une exposition à des rayonnements ionisants , il convient de reconnaître qu ’ il existe un certain degré de risque , et de limiter la dose de radiation à un niveau auquel le risque supposé est considéré comme acceptable pour l ’ individu et la société , compte tenu des avantages tirés de ces activités . Une telle dose pourrait être appelée dose acceptable ».
La Commission précise que toute exposition pouvant comporter un certain degré de risque , il est recommandé d ’ éviter toute exposition inutile et de maintenir toutes les doses au niveau le plus bas possible , en tenant compte des considérations économiques et sociales . Ainsi , dans la Publication 9 , la Commission appuie ses recommandations sur l ’ hypothèse d ’ une relation linéaire sans seuil entre la dose et le risque . Cette hypothèse devient la base du système de radioprotection . Dans le cas des travailleurs exposés à une source dite contrôlable et contrôlée , la Commission estime raisonnable de fixer des limitations de dose qui correspondent à un risque jugée suffisamment faible au regard du bénéfice associé à l ’ utilisation de la source . Par ailleurs , le risque pour les travailleurs ne doit pas excéder celui qui est accepté dans des industries ( ou activités de recherche scientifique ) jugées sûres . Il en est de même pour le public . Les doses maximales admissibles recommandées par la Commission pour les travailleurs sont reportées dans le Tableau 1 ci-dessous . Les limites de dose pour le public sont fixées à 1 / 10 e des doses maximales admissibles pour les travailleurs . La Commission indique également dans la Publication 9 que le nombre de leucémies au sein d ’ une population exposée à une dose annuelle moyenne de 0,5 rem à la moelle osseuse est de l ’ ordre de 10 cas par an et par million de personnes exposées ( ICRP , 1966b ).