PixaRom numéro 4 PixaRom numéro 4 Mars 2014 | Page 83

LA PLUME DES EONS Le souvenir du billet me revint de façon vivace, et un grand abattement s’empara de moi. Quel couteau sur la gorge ! Après deux jours d’indécision, le notaire tint à me rappeler les termes du testament. Rationnellement, Pilgrim’s Den m’offrait la sécurité matérielle (bien que légèrement isolée), intellectuellement la riche bibliothèque de l’oncle Maximilian s’offrait à moi avec tous ses trésors potentiels. Ce fut l’émotion qui l’emporta : la curiosité me dévorait. Je pris les dispositions concernant mon appartement et le convoiement des biens que je possédais, j’informais mes amis et mes connaissances, puis je prenais le premier train en partance vers le Hampshire. Sept février 1860 Me voici enfin à la bibliothèque majestueuse ayant appartenu à mon oncle et je suis comblé par son contenu ! Les encyclopédies, les dictionnaires, les documents médicaux ou historiques, les œuvres cachées des plus anciens écrivains. Tous ces ouvrages passionnants étaient maintenant sous ma propriété et mon cerveau était impatient de s’enrichir en connaissances nouvelles ! Ayant devant moi la nouvelle bibliothèque d’Alexandrie (ou plutôt, dois-je dire, celle du Hampshire), quelque chose me disait que j’allais passer des soirées inoubliables en ces lieux. Quatorze février 1860 J’étais tellement subjugué par ce que proposait la bibliothèque que j’ai oublié d’écrire dans mon journal ! L’ambiance lugubre me paraît déjà un lointain souvenir. Les domestiques se montrent toujours réservés, mais font bien leur travail et me laissent effectuer mes recherches. Chaque jour, je finissais une rangée de chaque colonne de livre. Mes journées consistaient à lire des dizaines de livres à la suite. Des notes d’Isaac Newton sur ce qu’allait devenir la théorie de la gravité, des manuscrits de l’encyclopédie universelle conçue par ces deux français, je m’amusais même à rejouer au piano des partitions inachevées de Bach. Il y a quelque chose qui rendait ces livres spéciaux, je ne saurai trop dire quoi. Leur authenticité me forçait à les lire de fond en comble et cela semble drôle mais tous ces documents me donnent matière à écrire... et écrire... et écrire