PixaRom numéro 4 PixaRom numéro 4 Mars 2014 | Page 84

LA PLUME DES EONS Dix-sept février 1860 Cela faisait plusieurs journées que je n’étais pas sorti du domaine où je vis depuis maintenant dix jours. Les livre ont complément dévoré mon intention, à tel point que j’en ai négligé mon apparence et mon gardemanger. J’ai seulement découvert maintenant que les domestiques étaient partis en congé sans me prévenir ! Intolérable, mais je n’ai pas le coeur à m’occuper de cela. Je suis donc parti de bon matin vers Winchester, la ville la plus proche, afin d’y faire quelques emplettes et de passer chez le barbier. A mon retour, je me suis aperçu que la bibliothèque était complètement en désordre. Je ne suis pas étourdi à ce point, j’étais certain d’avoir tout bien fermé avant de partir… Quelqu’un en aurait cherché un objet ici, je ne sais, peut être–ce une personne qui a tué mon oncle afin de lui voler un bien convoité… je m’égare, je verrai ça demain. Pourquoi ce tueur hypothétique reviendrait-il maintenant, de toute façon ? Dix-huit février 1860 Je suis épuisé, j’ai passé un temps considérable à ranger chaque livre à sa place. En sortant dehors j’ai regardé partout à l’horizon et à part une ferme entre les bois, il n’y a pas âme qui vive dans le périmètre. Si l’endroit a vraiment été autrefois un havre pour les pèlerins, ce qu’ils étaient venus voir ne doit plus être dorénavant. Serait-ce un fermier qui se serait introduit en cachette hier matin ? Je suis fatigué, je verrai ça demain. Dix-neuf février 1860 Quelle étrange journée… Je me suis donc rendu à la ferme, mais je me suis rendu compte qu’elle était vide. Ni mobilier, ni animaux, rien… Cela doit donc être un autre fermier qui possède ce champ et qui aurait racheté un bout de terrain avec cette vieille bâtisse. Je n’en ai aucune idée mais je suis assez contrarié, j’ai l’impression que cette histoire ne tourne pas rond. Cela ne devrait-il pas faire partie des terres que j’ai reçu en héritage ? A mon retour dans le domaine de feu mon oncle, la bibliothèque était une fois de plus en désordre ! Ce n’est pas possible, je me suis vraiment assuré d’avoir tout bien fermé. Et effectivement, à mon retour tout était verrouillé, grille, portes et fenêtre. Cela viendrait-t-il de l’intérieur ? Tout d’un coup je me sens moins en sécurité… Les domestiques seraient-ils revenus en cachette et me joueraient-ils une sinistre farce ? Maintenant que je m’en rappelle, ils avaient une drôle manière de me regarder ; comme si je menaçais de devenir une bête étrange. Cela ne laisse pas de m’interroger sur la fin de vie de mon oncle... Vingt février 1860 Je n’ose plus sortir d’ici, de peur que la bibliothèque se remette en désordre. Sans m’en rendre compte, je me sens de plus en plus fatigué depuis que je suis ici, pourtant on ne peut pas vraiment dire que la lecture soit une tâche physique éprouvante. Cela viendrait-il de mon manque de vivres ? Excepté quelques légumes et du pain qui n’est plus très frais, je n’ai plus grand-chose à me mettre sous la dent. Mais si je sors, je sais se qu’il va se passer… Pourquoi diable les domestiques ont-ils choisi ce moment pour me fausser compagnie ? Je n’avais pas réalisé à quels points ils étaient utiles pour que la maisonnée tourne bien. Vingt-et-un février 1860 J’ai fais une grande découverte ! Avant de partir à Winchester, j’ai fermé la porte de la bibliothèque à double tour et j’y ai même mis un peu de farine sur la poignée, pour voir si des traces de doigts s’y trouveraient. Une technique que j’avais apprise dans un livre. A mon retour, la farine était toujours là et la porte toujours fermée à double tour… Mais la bibliothèque était encore complètement désordonnée. Donc oui, cela vient bien de l’intérieur. Plutôt que de me fatiguer à tout remettre, j’ai laissé la pièce telle quelle et j’ai alors poussé les gros meuble qui se retrouvaient vidés. 84    PixaRom magazine