PixaRom numéro 1 octobre 2013 | Page 78

toutes mes forces de penser… pour ne pas imaginer. On commença alors à percevoir des bruits de pas. Visiblement, l’ignoble ne se souciait guère qu’on l’entende ou non. Le Tragédien s’était levé d’un seul coup en jouant avec son couteau, comme pour s’échauffer ou se donner du courage. L’infirmerie n’avait qu’une issue, autant dire que la fuite était inutile. La porte s’ouvrit sans grincer. La personne qui venait d’entrer, à notre surprise, était un surveillant, et non un médecin. C’était monsieur Des Sable. Un ancien infirmier, qui se serait reconverti dans l’armée avant de terminer ici. Il avait les cheveux bruns et les yeux bleus. Il n’avait pas tant de particularité en dehors de ça, il faisait son boulot, c’était même l’un des seuls. Mais il évitait aussi de se mettre les jeunes à dos en s’interposant dans leur affaire. Il avait une seringue dans la main qu’il jeta sur un lit. Le jeune garçon et l’homme se firent face. 50 kilos de haine contre 90 kilos de muscles et de confiance. Bien entendu, c’est le Tragédien qui s’était élancé. Mais le mec en face de lui n’était pas un faible. On sentait dans son attitude corporelle les restes intacts d’un militaire expérimenté. Lorsque le jeune garçon tenta de lui porter une estocade précédée d’une feinte, ce fut à peine comme si Des Sables avait eu une quelconque difficulté. C’est limite comme si c’était plutôt l’ancien militaire qui avait trois coups d’avance. Il esquiva, tordit le poignet de notre ami et protecteur qui dû lâcher son arme avant de lui porter deux coups successifs pour l’étourdir et l’assommer à moitié. Ca n’a même pas duré plus de dix secondes et on pouvait entendre le sang qui s’écoulait sur le sol. « Tant mieux que tu sois venu petit con, je vais te dire un truc : j’en ai marre de travailler ici. A cause de la plainte que tu as déposée à la Police. J’ai dû faire tellement attention. C’est des plus frustrants. Mais je vais pouvoir trouver une excuse pour… mes petites activités et les déporter ailleurs… Dans un meilleur endroit que ce quartier pourri… Je vais tout d’abord m’occuper de tes copines, et t’accuser ensuite. A la fin, je me poserai en victime impuissante, tout naturellement. Oh mon dieu… votre Honneur ! Si seulement j’étais passé plus tôt… Ce fut une vision tellement horrifiante… Je ne pourrais plus travailler là-bas ! Comment je vais faire pour vivre ? Le meilleur, c’est qu’on ne cherchera même pas de preuve. L’Etat ne veut pas dépenser plus d’argent pour vous plus qu’il ne le fait déjà. Elle ne dépensera rien pour vérifier quoi que ce soit à cette affaire. Ma brillante carrière en somme toute modeste sera leur preuve. Bon, maintenant… - Tu vas la fermer et t’éloigner de lui. » C’était Joy. Elle venait de se lever. Je n’en croyais pas mes yeux, d’ailleurs, je me demandais si je n’étais pas shooté à l’adrénaline à cause de la peur… ou des médicaments contre la douleur. Mais elle était là, bien debout avec ses bandages qui pendouillaient lamentablement tellement ils étaient fait à la va-vite. A la lueur de son regard métallique, j’ai cru apercevoir une sorte de lumière presque surnaturelle, mais je pense que là par contre, les émotions du moment me jouaient un tour. Ses cheveux devenus sales faute de soin, encadraient férocement ce même regard, lui donnant un air effrayant. Le Tragédien avait une expression de tueur. Joy avait le regard d’une professionnelle… Tout comme monsieur Des Sables qui n’était pas impressionné. « J’ai vérifié vos dossiers médicaux avant de venir. Vous venez d’être tabassées par plus de dix bonhommes. C’est bien que tu tiennes debout jeune fille. Mais je vais te dire un truc. Je voulais juste me foutre de la gueule de ce petit con. Toi, je ne comptais rien te faire. T’es une ancienne gosse de riche. Si t’es agressée, pour toi toute seule, on pourrait ouvrir une enquête. Et je ne veux pas de ça. Alors on va faire un marché. Je te laisse en vie, je ne te fais rien du tout, je compte d’ailleurs juste t’aider à dormir. Tu ne verras rien du tout et tu pourras feindre l’innocence avec toute la sincérité possible, vu que tu seras endormie. Personne ne tient à toi ici, si ces jeunes te 78