PixaRom numéro 1 octobre 2013 | Page 74

- Bon, je vous avouerai, Des gosses qui se barrent ou des ados, on en a tous les jours, partout. On renseigne la police comme on peut et après… Ils ont mieux à faire que de s’occuper de môme qui… - Qui n’ont plus d’avenir ? C’est ce que vous alliez dire ? » Le silence qui s’ensuivit valait bien tous les assentiments possibles. L’homme s’épongea le front, fuyant le plus possible du regard l’homme en face de lui. Du premier regard, en voyant ce géant d’un mètre quatre-vingt-quinze, habillé certes étrangement mais également comme un prince, on devinait qu’il s’agissait de quelqu’un de puissant. Mais les signes parfaitement distinctifs qui allaient de pair, tel que la casquette sans fond, ne comportant que la visière… En plus de ce symbole en forme d’étoile à cinq branche que l’on retrouve sur sa grande veste noir, ses manchettes et même sa chemise sans motif indiquait clairement son identité : Jotaro Kujo. Le boss actuel de la SpeedWagon Fondation, l’une des plus puissantes corporations mondiales. Un cartel pouvant faire peur s’il n’utilisait pas la plupart de ses bénéfices au profit des différentes sciences pouvant œuvrer pour le bien de l’humanité. Son fondateur, Speedwagon lui-même, était un britannique qui a ensuite migré aux Etats Unis où il a fait fortune au Texas en découvrant des poches de pétrole. Ayant été un ami de la famille des Joestar, il céda son entreprise à ces derniers. Le descendant le plus âgé et le plus apte à diriger cette multinationale est aujourd’hui Jotaro Kujo. Celui-ci, malgré son agacement évident, semblait garder son calme, ne laissant échapper qu’une exhalaison de regret. « Donc, mademoiselle Joy de la Jonquille, que vous avez reconnu immédiatement à cette photo… Est aujourd’hui disparue ? - Et heureusement ! Ce genre de gosse de riche… Ça dure pas longtemps ici. Ça se prend rapidement un coup de couteau entre deux côtes à l’heure du déjeuner où ça se termine en lynchage dans sa propre chambre. Elle a plus de chances de survie dans la rue, à faire la manche ou à vendre ses fesses. » Cela se voyait que cet homme ignorait la relation qui existait entre les Jonquilles et les Joestar… Sinon son ton et son discours auraient été des plus différents. Laissant échapper un long soupir, le japonais se releva tout en reprenant sa photo représentant une jeune fille de seize ans aux traits fins et harmonieux, le regard hautain, et aux cheveux teints en mauve. Ses yeux d’un gris métallique donnaient un air presque surnaturel à son regard, mais aussi dur et inquisiteur... Comme la plupart des membres de cette famille en public. On disait qu’une fois en intimité avec eux, ils changeaient de visage, retiraient leur masque de froideur pour abolir le mur qu’ils bâtissaient entre eux et leur interlocuteur. Mais c’était rare. La raison, était qu’on ne connaissait pas les origines de ce comportement. Jotaro comptait y effectuer sa petite enquête, mais tout d’abord, retrouver la fille. « Euh, dites… Vous faites quoi là ? - Votre travail. Cela vous dérange ? » Lorsqu’il fit son entrée au réfectoire où déjeunaient la plupart des pensionnaires, le géant put sentir le regard lourd, envieux de certains… et haineux de beaucoup d’autre, ceux qui savaient qu’il était là pour avoir des réponses au sujet de la jeune Joy et non pour leur offrir une meilleure existence. Ici, dans ce lieu de vie provisoire avant une adoption, un foyer ou une famille d’accueil, les chambres étaient doubles pour les adolescents : la mixité n’était pas de mise. Alors quelle était la compagne de chambre de Joy ? Le chef d’entreprise scruta les différentes pensionnaires de l’œil, sans oublier de noter au passage la dizaine de jeunes bien en muscle et en hargne qui l’entouraient doucement, comme des hyènes encerclant un gnou malade. « Ça ne s’arrange pas.» commenta Jotaro comme à son habitude quand il voyait les difficultés 74