PixaRom numéro 1 octobre 2013 | Page 73

issue de l’Angleterre dont leurs héritiers sont à présent en Amérique et au Japon. Ma mère… Si douce et forte à la fois, une vraie battante… Et même ma sœur… Même si elle était horrible avec moi… Méritait-elle la mort ? Une fin… si brutale… Si rapide… Les sirènes… Elles se rapprochent… Je fermais les yeux et tombai dans l’inconscience… Je m’appelle Joy de la Jonquille… et j’ai tout perdu en un instant. Je n’ai jamais eu une vie facile malgré le statut de ma parentèle. Nous sommes une famille très ancienne, cousine d’une autre venant d’Angleterre. Nous étions encore fort liés à l’antiquité, mais suite à une mésentente, il y a eu un éloignement de nos deux groupes familiaux. Dans les carnages et les migrations issues des conquêtes barbares en Europe après la chute de l’Empire Romain, nos aïeux se sont déplacés en Gaule et ont peu à peu survécu, de génération en génération, dans les différentes époques et les différents Empires. Mais ce fut à l’époque industrielle que notre famille, en investissant dans les canons et autres pièces d’artillerie, que nous avons gagné en puissance et en renommée. Nous avons équipé les troupes de Napoléon… et avons donc sur les mains, indirectement, le sang de milliers de gens… Nous sommes restés dans l’industrie de l’armement, à travers les âges et les guerres. Nous n’inventons rien, mais une invention n’est rien si elle n’est pas construite. Ce choix a définitivement coupé les ponts entre nous et les Joestar. Nous tuons indirectement les gens… et l’assumons. Et il en a été ainsi pendant des siècles. Ma vie à moi a donc été fort difficile. Avec ma sœur jumelle, nous étions les héritières des Jonquille. Cependant, ce n’était pas notre éducation qui a été source de souffrances mais bien notre rivalité. Si j’oserais exagérer, je dirais que cela date du berceau, mais en fait cela a dû débuter à l’âge de raison. Une forte rivalité qui nous poussait à certaines extrémités, tel que le sabotage de vélo ou la grosse bagarre. Certainement pour cela que nos parents nous ont inscrit ensuite dans des établissements différents tout le long de notre courte existence. Mais même toutes nos disputes et toutes nos batailles ne valaient pas une fin aussi abrupte… Qu’à seize ans à peine… Nous allions être séparées ? Mine de rien, je regrettais d’avoir perdu mon temps à me battre avec elle plutôt qu’à essayer de nous comprendre. Mais il était trop tard, je n’avais plus rien. Et maintenant, c’est à peine si j’allais avoir une vie digne de ce nom. On allait me coller dans un foyer… Le lycée que je fréquentais était privé, donc j’allais atterrir dans l’un de ces lycées publics remplis de voyous et de connasses en mini-jupe. J’allais certainement finir au chômage parce que ce genre de lycée ne sait pas inculquer quoi que ce soit à ses élèves. Tout mon espoir réside à présent dans l’héritage de mes parents… * * * « Pardon monsieur… Mais… La jeune fille que vous êtes venu chercher n’est plus ici depuis trois semaines. Elle a disparu et la police est encore à sa recherche. » L’homme qui venait de prononcer ces paroles avait dépassé la quarantaine et était un employé de la DASS. D’un physique somme toute banal, son interlocuteur voyait derrière son embarras un certain profil nonchalant et je-m’en-foutiste. Il avait tout confié à la police en priant juste très fort pour qu’ils trouvent l’une de ses protégés à sa place. Non… En réalité, la gosse, il s’en fichait. Son trouble venait d’autre chose. « Qu’est-ce qui vous stresse autant, monsieur ? 73