EXPÉRIENCE MARQUANTE des recherches physiques de la Sorbonne en 1886. Il s ' est intéressé à de nombreux domaines, en particulier l ' électricité, la thermodynamique, l ' optique et la photochimie. Les physiciens utilisent alors fréquemment la photographie pour étudier des phénomènes physiques, en particulier la lumière [ 3 ]. Ce fut déjà Edmond Becquerel( 1820-1891) qui produisit les premières photographies couleur avec ses images photochromatiques en 1848. Depuis, de nombreux scientifiques ont cherché à expliquer l’ origine des couleurs de ces images. Gustav Friedrich Wilhem Zenker( 1829-1899) défend une origine interférentielle qu’ il explique par une succession de plans de particules d’ argent métallique à intervalles réguliers dans la couche image dès 1868 [ 4 ]. Si l’ historiographie s’ interroge sur l’ accès de G. Lippmann aux travaux de W. Zenker [ 5, 6 ], les conditions conceptuelles et techniques sont réunies pour l’ invention de la photographie interférentielle. G. Lippmann cherche à enregistrer une structure spatiale d’ onde stationnaire dans une couche photographique sensible. Ses travaux initiés dès 1886 débouchent en 1891; deux autres publications en 1894 et 1906 présenteront des améliorations du procédé. Il utilise l’ image du spectre solaire pour promouvoir son invention dans le milieu scientifique et auprès d’ un plus large public. De façon concomitante, G. Lippmann propose un modèle théorique pour expliquer les couleurs dans ses photographies [ 7 ]. Il s’ appuie sur l’ analyse de Fourier pour modéliser le phénomène coloré des plaques interférentielles. Il considère chaque onde monochromatique constitutive d’ une lumière colorée sans interaction entre elles. Il évoquera plus tard de façon simple et imagée la théorie qui sous-tend son procédé: « Il ne s ' agit que d ' un phénomène de réflexion sélective, comme dans le cas de la bulle de savon ou de la nacre. ».
La photographie interférentielle, l’ objet, la matière
La figure 2 présente une photographie d’ une plaque interférentielle montée avec un prisme et bordée, de la collection de Sorbonne Université ainsi qu’ un schéma d’ une vue en section transversale d’ une telle plaque. La couche image est constituée de plans d’ argent métallique dans un liant, d’ une épaisseur de l’ ordre de 5 à 10 micromètres, sur une plaque de verre. La face arrière est assombrie avec une peinture noire, du bitume ou un papier noir. Pour aider l’ observation, Louis Lumière propose d’ apposer un prisme collé à la surface de l’ image, avec du baume du Canada, pour faciliter la visualisation des couleurs. L’ ensemble est serti par un papier de bordage. Les formats utilisés sont 6,5 cm × 9 cm et 9 cm × 12 cm. Ces images pouvaient être observées en épiscopie par un dispositif qui pouvait également les projeter sur des écrans de quelques dizaines de centimètres de long et de large.
Figure 1. Images de photographies interférentielles de G. Lippmann. Prises de vue Alain-Jeanne Michaud. à gauche, spectre solaire SU. LIPP. 2021.0.51; à droite maison en Provence SU. LIPP. 2021.0.22.
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