La route des lasers FOCUS d’ Optique et de l’ Agence Aquitaine Développement Innovation( 2ADI), l’ initiative se concrétise. L’ objectif est clair: transformer la recherche en innovations technologiques et applications industrielles et exploiter les avancées du LMJ bien au-delà du cadre de Défense nationale.
Une transformation qui dépasse la Défense
Très vite, le LMJ attire des entreprises en quête de technologies de rupture. Amplitude Systèmes, fondée en 2002, devient un leader mondial des lasers femtosecondes, capables de découper la matière à l’ échelle du micron. Azur Light Systems se spécialise dans les lasers à fibre continus, utilisés en biophotonique ou en communication quantique. Muquans conçoit les premiers gravimètres quantiques portables, utilisés en métrologie et géophysique. Imagine Optic, entreprise pionnière en métrologie optique, fournit au LMJ des capteurs de front d’ onde et développe des miroirs déformables en lien avec l’ écosystème local. Autour de ces entreprises, un tissu dense d’ ETI, de start-ups et de laboratoires se constitue. Pour accompagner cette mutation technologique, de nouvelles infrastructures voient le jour. En 2004, le centre de formation PYLA est créé, fruit d’ un partenariat entre le CEA, l’ Université de Bordeaux, et le pôle de compétitivité Route des Lasers, pour former des experts en photonique et des techniciens laser. La même année, la SEML-Route des Lasers lance la zone d’ activité Laseris, dirigée par Isabelle Laporte, accueillant les PME partenaires du LMJ, à proximité immédiate du site. En 2006, la Cité de la Photonique ouvre ses portes à Pessac( 33), offrant un espace aux entreprises du secteur. Enfin, en 2007, ALPhANOV, le centre de transfert de technologie, voit le jour, facilitant le passage de l’ innovation à l’ industrialisation.
TÉMOIGNAGE DE SERGE DURAND, UN DES FONDATEURS DE LA ROUTE DES LASERS
Serge Durand, directeur du CESTA de 2001 à 2006, partage avec enthousiasme son expérience dans l’ aventure de la Route des Lasers: « Quand je suis revenu au CESTA en tant que directeur en 2001, ma mission principale était de suivre la construction du Laser Mégajoule. Très vite, avec Alain Rousset, Yves Lecaudey et Christian Frémont, nous avons compris qu ' il y avait là une opportunité exceptionnelle de créer une véritable filière photonique en Aquitaine. » Le début du projet n’ a pourtant pas été simple. Serge Durand se souvient particulièrement des inquiétudes initiales: « Le Laser Mégajoule faisait peur, tant aux scientifiques qu’ aux responsables politiques locaux, à cause de ses liens avec la dissuasion nucléaire. Un moment décisif a été mon intervention devant le Conseil général de la Gironde, où j’ ai pu expliquer clairement les bénéfices économiques et scientifiques du projet. Les applaudissements chaleureux que j’ ai reçus à la fin de ma présentation restent un moment fort, car ils marquaient le retournement décisif de ces oppositions vers un soutien enthousiaste. »
La création de la SEML Route des Lasers est venue rapidement concrétiser cette dynamique: « Cette société d ' économie mixte représentait une vraie preuve d’ engagement collectif. Tous les partenaires ont montré par ce geste leur volonté concrète d’ investir dans la structuration durable du territoire. » Pour Serge Durand, cette aventure fut marquante tant sur le plan humain que professionnel: « Cette période reste la plus passionnante de toute ma carrière. J’ ai eu la chance de réunir des acteurs très différents – chercheurs, industriels et formateurs – qui auparavant ne se parlaient pas beaucoup ou se méfiaient les uns des autres. Voir tous ces acteurs travailler ensemble autour d’ un objectif commun reste une immense satisfaction personnelle. » Aujourd’ hui, Serge Durand est convaincu que la Route des Lasers a profondément transformé la région: « Le territoire girondin a été dynamisé durablement grâce à cette initiative. L’ écosystème photonique aquitain est désormais reconnu mondialement, avec l’ émergence de nombreuses start-ups innovantes, génératrices d’ emplois et de croissance économique. » Avec le recul, Serge Durand insiste sur l’ importance du collectif et de l’ engagement partagé: « Ce que je retiens avant tout de cette expérience, c’ est la puissance d’ une vision commune portée par des leaders engagés( Etat, politiques, industriels, centres de recherche etc.). Cette aventure m’ a véritablement appris combien il est essentiel de fédérer les énergies autour de projets ambitieux pour réussir durablement. »
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