La route des lasers FOCUS
• La simulation numérique, à proprement parler, qui permet de développer des méthodes numériques en lien avec l’ évolution des modèles physiques, tout en s’ appuyant sur les supercalculateurs de nouvelle génération. Elle offre ainsi la possibilité de réaliser des simulations d’ une précision extrême.
• Enfin, des expériences qui sont réalisées en laboratoire, à très petite échelle, afin de valider les modèles physiques. Contrairement aux essais nucléaires— qui permettaient une validation en grandeur réelle et en une seule opération— cette démarche repose sur une validation progressive, par éléments, des modèles physiques et des codes de calcul associés. Cette validation expérimentale s’ appuie notamment sur des dispositifs tels que le Laser Mégajoule( LMJ), situé près de Bordeaux( en Aquitaine), et l’ installation radiographique Epure, implantée à Valduc( en Bourgogne).
C’ est ainsi que naît le projet du LMJ, une infrastructure scientifique d’ exception capable de reproduire les phénomènes physiques au cœur d’ une explosion thermonucléaire. Objectif: concentrer jusqu’ à 1,3 mégajoule d’ énergie en quelques nanosecondes sur une cible de fusion, grâce à 176 faisceaux laser parfaitement synchronisés. Le LMJ devient rapidement le pilier du programme Simulation du CEA. Il se distingue par ses dimensions hors normes: 300 mètres de long, 150 mètres de large, et 38 mètres de haut.
L’ Aquitaine, un territoire stratégique
Le choix de son implantation devient un enjeu stratégique et c’ est finalement le CESTA( Centre d’ Études Scientifiques et Techniques d’ Aquitaine) du CEA( Commissariat à l’ Énergie
« UNE AVENTURE HUMAINE, SCIENTIFIQUE ET TERRITORIALE » – TÉMOIGNAGE DE HERVÉ FLOCH, DIRECTEUR GÉNÉRAL DU PÔLE ALPHA-RLH
« La Route des Lasers, c’ est une histoire que j’ ai vécue de l’ intérieur, et qui a marqué ma vie professionnelle et personnelle. » En 1998, Hervé Floch rejoint le CEA-CESTA, animé par un fort engagement envers le programme Simulation et le projet Laser Mégajoule( LMJ). Il y met à profit son expertise dans le développement du procédé Sol-GeL pour les optiques à haute résistance aux flux lasers, une innovation qui lui avait valu le prix CEA en 1994. Très vite, il perçoit que le LMJ dépasse les seuls enjeux militaires pour devenir le moteur d’ une transformation à l’ échelle régionale. « J’ ai vu naître la Route des Lasers. J’ y ai trouvé une formidable aventure humaine, où se croisaient science et technologie, industrie, politique, et formation. Chaque journée était différente. On avançait avec une énergie incroyable, portée par des figures comme Serge Durand, alors directeur du CESTA. » En 2011, il prend la direction du pôle de compétitivité ALPHA – Route des Lasers. À son arrivée, tout reste à faire. Il faut reconstruire une dynamique, fédérer, structurer. Avec Bertrand Viellerobe, il remet la « machine à projets » en route... En quelques années, le pôle prend une nouvelle dimension: des centaines d’ adhérents, des projets d’ innovation structurants, des événements tels que des rencontres professionnelles rassemblant de nombreux acteurs autour de thématiques précises, et une stratégie claire. « Ce que nous avons bâti ensemble, c’ est plus qu’ un cluster. C’ est un écosystème. Un moteur de développement économique fondé sur la recherche et l’ innovation. Ce modèle, j’ en suis profondément fier. » À la tête d’ ALPHA-RLH depuis quinze ans, Hervé Floch voit aujourd’ hui le pôle comme un levier stratégique pour la France. Il milite pour que l’ État et les Régions poursuivent leur soutien à cette dynamique, pour accompagner la croissance des PME vers le statut d’ ETI, motiver les jeunes à se former dans les sciences, et faire rayonner l’ innovation française à l’ Europe et l’ international. « Ce pôle, c’ est un projet de territoire. Il incarne l’ idée qu’ on peut créer des emplois, de la valeur, de la souveraineté technologique, dans le respect des grandes transitions sociétales – en partant d’ une ambition collective. »
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