Photoniques No. 132 | Page 17

ENTRETIENS
QUELLES SONT LES PRINCIPALES APPLICATIONS QUE VOUS AVEZ SOUHAITÉ ÉTUDIER AVEC CETTE MÉTHODE? Nous avons beaucoup travaillé sur la peau et sur la cornée, dans ce dernier cas en collaboration avec l’ hôpital des QuinzeVingt. Nous avons aussi montré grâce à la microscopie SHG résolue en polarisation que le col de l’ utérus est fermé de façon très rigide par une « corde » de collagène en début de grossesse, puis que le collagène se désorganise pour que le col puisse s’ assouplir et s’ ouvrir avant l’ accouchement.
VOUS AVEZ TISSÉ DES NOMBREUSES COLLABORATIONS STABLES AU FIL DE VOS RECHERCHES Travailler avec des partenaires de confiance, qu’ ils soient proches ou à l’ international, permet de confronter nos techniques à des points de vue totalement différents. Des collègues non opticiens posent des questions inattendues qui nous obligent à pousser plus loin la compréhension et l’ expérimentation. Même les désaccords scientifiques avec des partenaires de confiance se révèlent productifs; ils nous permettent de confronter nos points de vue et nous font avancer audelà de nos certitudes initiales.
QUELS AXES DE RECHERCHES SOUHAITEZ-VOUS SUIVRE DANS LES PROCHAINES ANNÉES? Je vais poursuivre trois axes parallèles: d’ abord l’ amélioration des dispositifs expérimentaux, ensuite des simulations numériques en régime focalisé pour modéliser finement nos signaux dans un tissu hétérogène, enfin le perfectionnement de l’ analyse d’ images pour quantifier le désordre du collagène. Cette notion de désordre est centrale, car elle caractérise de nombreuses pathologies. Nous pouvons donc apporter une valeur ajoutée diagnostique directe. Quelle place ont occupé les collaborations industrielles dans vos activités? Elles ont financé une partie de mes recherches: L’ Oréal au début, puis HoffmannLa Roche en Suisse plus récemment. Les chercheurs de l’ industrie sont souvent « des chercheurs comme nous », mais avec d’ autres contraintes qui nous poussent à tester la robustesse et la sensibilité de nos méthodes sur des échantillons inattendus. Je considère qu’ il est de notre responsabilité d’ explorer chaque application possible, sans sacrifier la rigueur scientifique.
COMMENT S’ EST CONSTRUITE VOTRE IMPLICATION DANS LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE D’ OPTIQUE? J’ ai d’ abord siégé au comité de rédaction de Photoniques, sur la recommandation d’ un collègue. J’ y ai apprécié la présence de représentants industriels et la vision globale de l’ optique que cela offrait. Ensuite, j’ ai été élue au conseil d’ administration de la SFO, puis au bureau, où j’ occupe aujourd’ hui le poste de trésorière. Cette fonction me permet d’ apprendre la gestion financière d’ une société savante et d’ élargir encore ma culture scientifique audelà de la biophotonique.
COMMENT ABORDEZ-VOUS VOTRE FUTURE FONCTION DE DIRECTRICE D’ UNITÉ? Je vais en effet prendre la direction du LOB en janvier 2026. Le LOB repose sur l’ idée que chaque chercheur est un PI gérant ses propres projets tout en mutualisant certains moyens. Certains chercheurs peuvent aussi s’ associer le temps d’ un projet puis travailler avec d’ autres collègues pour un autre projet, de manière souple et réactive. Ce système, hérité de JeanLouis Martin, fonctionne bien s’ il y a une bonne entente entre chercheurs et beaucoup d’ échanges scientifiques et techniques dans tout le laboratoire. C’ est le cas au LOB et je veux préserver cette autonomie et cette bonne entente au niveau des chercheurs et des ITA. Il faudra cependant veiller à la charge de travail car quelques collègues- chercheurs et ITA- frôlent l’ épuisement en raison de la multiplication des contraintes administratives et financières.
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