Stratégies
Certaines évaluations estiment les niveaux du carburant que nous brûlons quotidiennement à près de trois millions de dollars / jour , soit un milliard de dollars / an . la sorte le devenir des exportations de l ’ Algérie en hydrocarbures . De grandes quantités de pétrole pour cela iront à nos raffineries , pour y faire face et à un rythme qui immanquablement devra pousser l ’ Algérie à aller acheter du pétrole demain , pour pourvoir assurer le fonctionnement de ses raffineries et répondre à sa demande interne en exponentielle croissance . Est-ce que tout cela est raisonnable ? Peut-on se permettre de se lancer dans des projets aussi grandioses aujourd ’ hui , pour construire ce qui demain sera un « tonneau des danaïdes » pour l ’ Algérie ? Ne s ’ agit-il pas là d ’ une précipitation à engager des actions aussi coûteuses , tout en sachant que les 6 milliards de dollars initialement prévus sont appelés encore à augmenter par l ’ effet mécanique des fluctuations des marchés . Doit-on ainsi dans la précipitation , nous menotter les mains , et devoir casser la tirelire pour des projets dont la finalité ne peut lucidement et en toute logique , se résumer d ’ une manière basique à cette équation simpliste , celle de répondre à la demande interne , en hypothéquant les recettes à l ’ exportation , si vitales pour de longues années encore à l ’ économie du pays . Si ce lourd et coûteux investissement venait à être maintenu dans sa forme actuelle , il nécessiterait pour sa fiabilité des aménagements stratégiques quant à ses objectifs , tels ceux de la fixation d ’ un seuil maximum destiné à la consommation nationale , d ’ un seuil intangible destiné au stockage , et enfin d ’ un seuil imprescriptible destiné au marché extérieur , celui de l ’ Afrique et des pays du voisinage , ce dernier étant dès lors critique pour assurer et maintenir au pays des parts de marché à l ’ extérieur . Cette détermination des seuils , sera un levier , qui permettra de réaliser l ’ un des objectifs de la sobriété énergétique recherchée , en plus de celui de l ’ utilisation des carburants alternatifs et que l ’ Algérie ne peut s ’ offrir le luxe de l ’ ignorer dans sa politique de rationalisation .
Depuis deux ans , l ’ Algérie connaît une augmentation des prix des carburants sur le marché interne , et , entre les partisans du oui et du non à ces mesures , se profile une donne que personne ne peut occulter aujourd ’ hui , à savoir celle de la destination et de la rationalité de l ’ usage que nous faisons de notre carburant que nous brûlons chaque jour . Certaines évaluations estiment en effet les niveaux du carburant que nous brûlons quotidiennement à près de trois millions de dollars / jour dans nos bouchons et à l ’ arrêt , soit un milliard de dollars / an partis en fumée , consommés par un parc où la diésélisation ne cesse d ’ augmenter . Citons l ’ écrivain algérien Mohamed Ben Cheneb qui disait à propos de la prévoyance , « qui met des vivres de côté , ne meurt jamais de faim », et disons à partir de cette vérité que la stratégie algérienne de construction de nouvelles raffineries basée uniquement ou globalement sur la nécessite de répondre à la demande de la consommation interne , est un pied de nez à la légendaire prévoyance , que les algériens ont développé des lustres durant pour affronter des périodes dures et contraignantes . Est-ce le cas aujourd ’ hui ? Faisons-nous preuve de sagesse et de pragmatisme dans la gestion de nos ressources ? Nous faudra-t-il donc attendre les mauvaises récoltes pour redevenir prévoyants pour notre bien être et celui des générations futures , habitués que nous sommes de plus en plus à une consommation effrénée sans contrepartie productive aucune . Un sage proverbe chinois dit : « les bonnes récoltes rendent les hommes prodigues , les mauvaises prévoyants ». Nous devrions nous en inspirer pour notre bien et pour celui de ces générations à venir que l ’ on cite à tout bout de champ sans pour cela commencer à y réfléchir pratiquement . Gare ! je crie gare ! •
OIL & GAS business / NUMÉRO 23 / mars 2017 / 29