Dossier
Rencontre avec les premiers foreurs
Les patriotes
Par Zineb A . Maïche
Ils n ’ ont plus tout à fait la même démarche , ni les mêmes traits . En cinquante ans , les visages se creusent de rides , les cheveux grisonnent et les démarches peuvent être plus lourdes , moins empressées . Pourtant en ce jour de février 2017 , certains semblent sautiller et les regards , à défaut d ’ être juvénile , sont pétillants . Les foreurs de la première promotion algérienne de 1967 se retrouvent au restaurant le Bardo , à Alger . Certains se revoient pour la première fois depuis « deux fois un quart de siècle », d ’ autres ont eu la chance de pouvoir s ’ enlacer quelques semaines auparavant à Hassi Messaoud . La première promotion de foreurs algériens née peu de temps après l ’ indépendance était composée de quelques 47 étudiants . Autour de cette table qui les réunit , ils ne sont que 16 . Certains n ’ ont pu venir , d ’ autres n ’ ont pu être localisés . Certains sont morts avant ces retrouvailles . Ils avaient entre 18 et 24 ans en 1967 . Ils ont aujourd ’ hui entre 68 et 74 ans . Leur parcours à tous a été atypique . Des épopées qui ont commencé dans le sud algérien pour finir à l ’ étranger pour la plupart d ’ entre eux . Ils sont nés indigènes français . Ils ont été foreurs algériens sur des terres toujours administrées par la France , bien après l ’ indépendance . Ils sont devenus Yeminites , Emiratis , américains par ce que leur destin les a envoyé vivre autre part . Et si la langue du pétrole est l ’ anglais , ces vieux amis lorsqu ’ ils se retrouvent autour d ’ une table , 50 ans après leur formation de foreurs , parlent en derdja . Réunis autour de M . Fechkeur qui fut directeur de l ’ IAP en 1967 , ils ont plaisirs à se remémorer certaines anecdotes . Des rires fusent . Des accolades s ’ éternisent . Des regards parlent . Ils baissent les yeux quand l ’ émotion les surprend et se fait étouffante . Il est des silences évocateurs . Etrangement , cinquante ans après , le directeur reste directeur et les foreurs redeviennent élèves . M . Fechkeur semble avoir ce plaisir qu ’ ont les parents lorsque les enfants réussissent . Il est là dans un retrait qu ’ adoptent tous ceux qui observent et désirent profiter pleinement
30 / OIL & GAS business / NUMÉRO 23 / mars 2017