dossier du mois
Abdelhak Lamiri
Economiste et chercheur
« Pour réussir une politique industrielle , il faut créer des entreprises de classe mondiale »
Abdelhak Lamiri , économiste et chercheur , analyse à grands traits la conjoncture pétrolière . Il estime que , sur le long terme , les prix seront à de meilleurs niveaux ( entre 50 et 80 dollars ). Mais , rappelle-t-il , le marché pétrolier demeure « difficile à prévoir ». L ’ économiste explique par ailleurs que les politiques industrielles menées en Algérie ont échoué jusqu ’ à présent , parce qu ’ elles n ’ ont pas été suffisamment préparées . « Tant que les pratiques managériales ne seront pas aux normes , il y aura des problèmes insurmontables . »
Propos recueillis par Sofiane Abid
Oil and Gas Business : Aujourd ’ hui , les marchés pétroliers dépriment . Conséquence , les compagnies pétrolières et gazières investissent moins dans les hydrocarbures . Quelle est , selon vous , l ’ attitude d ’ un chef d ’ entreprise en temps de crise ? Doit-il attendre que la tempête passe ?
Abdelhak Lamiri : Lorsque les entreprises font leurs prévisions et constatent que la plongée des prix et la chute de la demande ne sont pas conjoncturelles ( passagères ), elles tendent à réduire leurs investissements . C ’ est ce qui se passe , actuellement . Les professionnels considèrent que la crise est là et risque de durer . C ’ est l ’ évaluation , non unanime , mais majoritaire qui se dégage . Il est donc nécessaire pour ces entreprises de ne pas prendre des risques inutiles .
Comment voyez-vous l ’ évolution de la conjoncture pétrolière ?
Les points de vue sont très divergents . Les meilleurs spécialistes ne sont pas d ’ accord sur les perspectives pétrolières . Les prévisions vont de 20 à 120 dollars en moyenne sur les 15 prochaines années . La meilleure prévision que l ’ on a serait que durant les trois prochaines années , les prix seront bas et volatiles ( entre 30 et 60 dollars ). Mais que sur le long terme , les prix se situeront à de meilleurs niveaux ( entre 50 et 80 dollars ). Cependant , le marché pétrolier demeure difficile à prévoir .
L ’ Agence nationale de valorisation des hydrocarbures ( Alnaft ) n ’ a pas encore lancé le 5 e Appel à la concurrence national et international pour l ’ octroi de nouveaux périmètres de recherche et d ’ exploitation d ’ hydrocarbures . Le 4 e n ’ avait pas débouché sur des résultats probants . Certes , le contexte ne s ’ y prête pas , mais faut-il repousser indéfiniment ce 5 e avis d ’ appel d ’ offre ?
De mon point de vue , les décideurs algériens ont bien fait de repousser l ’ appel d ’ offres afin d ’ y voir plus clair sur les capacités d ’ absorption des marchés .
24 / OIL & GAS business / NUMÉRO 08 / octobre 2015