strategies
iran et arabie saoudite entre réalité économique et visées géopolitiques
Par redOuaNe maleK
La puissance est affaire de force , mais aussi d ’ intelligence et de mise à profit des opportunités . C ’ est ce qui semble avoir poussé l ’ Arabie Saoudite et l ’ Iran , antagonistes en tout et pour tout , à tempérer leurs ardeurs guerrières , à contourner la question pétrolière des visées géopolitiques , et à extirper la question du prix du pétrole de l ’ essentiel des luttes ancestrales et lointaines qui les opposent . Les deux pays , confrontés simultanément pour le premier à une baisse drastique de ses recettes , et pour le second au besoin de rattraper le retard de ses recettes , étaient dès le départ face à un dilemme insoluble , un véritable nœud gordien , que rien ne pouvait défaire autrement que par « le tranchant d ’ un coup de sabre ». Ce coup de sabre s ’ est produit à l ’ occasion d ’ un accord historique pour les deux parties , l ’ une d ’ elles en proposant la réduction de sa production de près de 450 000 barils / jour , et la seconde en acceptant de limiter sa production à 3.700.000 barils / jours , tout en gardant la possibilité de parvenir à 4 millions de barils / jour , véritable cadeau de l ’ adversaire à son pire ennemi . En réalité , et tout en sachant que le monde du pétrole est loin d ’ être celui des bisounours , d ’ autres facteurs ont amené les deux plus grands producteurs de l ’ OPEP , à devoir accorder leurs violons sur la question sensible du gel de la production , car , n ’ ayant tous les deux aucun autre choix pour
Khaled al Falih
le moment . Il s ’ avère en effet qu ’ à la veille de leur venue à Alger , les deux puissances régionales du Moyen-Orient se trouvaient , pour la première fois dans une situation similaire en terme de définition de stratégie de résilience , face à la crainte d ’ une brutale rechute des prix qui serait née d ’ un nouveau désaccord lors de cette rencontre .
de l ’ art d ’ abattre une guêPe avec un révolver
En décidant d ’ une manière unilatérale de s ’ attaquer au marché florissant du schiste américain , l ’ Arabie Saoudite avait pris le risque de s ’ aliéner le monde du pétrole , tant les conséquences d ’ une chute fatale des prix était prévisible , même par ceux qui étaient les plus
Bijan namdar zanganeh
optimistes sur les capacités de résilience la nouvelle industrie pétrolière américaine . Sauf qu ’ à vouloir « abattre une guêpe avec un révolver », l ’ Arabie Saoudite en épuisant une à une ses munitions , a commencé à réaliser que même si elle avait réussi à diminuer de moitié le nombre de puits de pétrole et de gaz de schiste en activité sur le sol américain , elle était elle même arrivée au bord de la faillite économique , et par conséquent à la fin de sa capacité à jouer un rôle déterminant et influent dans ses prétentions géopolitiques ( guerre au Yémen , expansion de la doctrine wahhabite , ingérence dans le dossier de la Syrie , influence en Egypte ), dont l ’ essence même demeure et se nourrit d ’ une rivalité née d ’ un schisme religieux avec son ennemi l ’ Iran .
26 / OIL & GAS buSIneSS / nuMÉRO 19 / O ctO b R e 2016