Oil&Gas Buisiness Issue Volume 14 | Page 29

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Par comparaison au PIB Algérien , et à nos ambitions de croissance , nous devrions avoir le double de banques pour pouvoir développer une compétition entre elles . Aujourd ’ hui , nous avons six banques publiques qui n ’ en constituent en fait qu ’ une seule au regard de la similarité de leurs pratiques , et six autres banques privées à capitaux internationaux qui sont dans une situation de rente en captant l ’ essentiel des opérations de commerce extérieur du secteur privé . Nous ne sommes pas dans un univers concurrentiel qui pourrait inciter à l ’ initiative .
Les solutions à préconiser sont elles d ’ ordre réglementaire ou technique ? Il y a les deux . Sur le plan réglementaire , il n ’ y a aucune contrainte au e-banking , et quelques banques de la place le pratiquent . Par contre l ’ e-payement et le m-payement , qui sont la possibilité de payer en ligne et au travers d ’ applications sur son téléphone , nécessitent quelques mesures d ’ ordre réglementaire , notamment en rapport avec les règles de sécurisation des transactions . Mais ce n ’ est pas un très grand chantier , il s ’ agit surtout de rapprocher les normes utilisées par les banquiers de celles utilisées par les opérateurs de téléphonie . Actuellement , c ’ est l ’ absence de dialogue entre ces deux secteurs qui fait du mal au développement du m-payement et du e-payement en Algérie . Sur un plan technique , la technologie et les infrastructures techniques existent et ne posent pas de problème , surtout que nous avons en Algérie des opérateurs téléphoniques de taille internationale qui ont déjà des expériences dans le monde en matière de m-payement et d ’ e-payement . Par contre , il y a lieu d ’ envisager un rapprochement des plateformes techniques encore une fois pour que les banquiers et les opérateurs parlent un même langage technique .
Vous avez récemment abordé lors d ’ une conférence organisée par le cercle de réflexion CARE , le m-Payment , un volet qui peine à émerger malgré l ’ adoption de la 3G , quel est votre constat et quelles perspectives voyez vous se dessiner en Algérie ? A l ’ instar des pays d ’ Afrique subsaharienne , et notamment de ceux de l ’ Afrique de l ’ Est et australe , le m-payement peut se développer très rapidement notamment au travers de l ’ échange d ’ unités de temps téléphonique entre les usagers ( flexy , strom etc ) comme moyen de paiement .
Pour le moment , à l ’ exception d ’ une ou deux banques , la plupart des banques algériennes n ’ offrent que de la consultation en ligne , ou l ’ impression de relevé . Ce n ’ est pas du e-banking .
Cela nécessite encore quelques aménagements pour que les détenteurs de beaucoup d ’ unités et les opérateurs eux même puissent échanger en bout de chaîne , ces unités contre de la monnaie . Au Kenya , qui est le précurseur dans ce mode de paiement dans le monde , cela a commencé par une pratique sociale avant que les opérateurs en comprennent l ’ opportunité d ’ affaires , dans un premier temps et qu ’ ensuite les banquiers les suivent . Ce n ’ est qu ’ après que la régulation est intervenue pour modéliser le système de m-paiement . En Algérie nous n ’ avons pas besoin de refaire tout ce parcours , et nous pouvons tirer les leçons des expériences internationales en allant au résultat directement , c ’ est-à-dire de modéliser et de réguler le m-paiement . Cela nécessite que les régulateurs comme l ’ ARPT et BA / GIE monétique se parlent sur ce sujet . Du côté opérateurs téléphoniques il y a un travail de sensibilisation et de vulgarisation des solutions techniques à mener . Ce qu ’ il faut savoir en bout de course c ’ est que le m-payement représente une possibilité d ’ accélération de la croissance et peut apporter de 1 à 2 points de croissance annuelle au PIB , selon une étude de la banque mondiale sur l ’ Afrique . Je pense que dans notre contexte actuel , nous devons aller chercher ces points de croissance partout où ils sont et donc aussi dans le m-payement .
Le e-commerce à travers notamment le m-payment est- il envisageable à court terme ? Le ministère de la poste et des TIC annonce des changements réglementaires dans ce sens croyez vous que cela suffira à le booster ? C ’ est envisageable à très court terme a condition que les différents secteurs se parlent et lèvent les dernières contraintes . Nous sommes dans la situation où quelqu ’ un a fait un marathon mais qui s ’ arrête au dernier mètre au lieu de franchir la ligne d ’ arrivée . Par contre il faut souligner que ce n ’ est pas l ’ affaire du MPTIC seul et qu ’ il y a un risque de produire des réglementations qui créent plus de problèmes qu ’ elles n ’ en règlent comme c ’ est fréquemment le cas en Algérie depuis quelques temps . L ’ avis de nombreux experts est que l ’ évolution réglementaire doit se faire en intelligence entre trois secteurs : les télécoms , les finances et le commerce . Il faudrait créer une task force intersectorielle , impliquant les entreprises ( banques et opérateurs télécom , prestataires de service en ligne ) pour déblayer le terrain et soumettre une approche cohérente aux régulateurs . •
OIL & GAS business / NUMÉRO 14 / Avril 2016 / 29