Oil&Gas Buisiness Issue Volume 14 | Page 17

entretien perception négative de l ’ endettement extérieur , les risques ne sont-ils pas amplifiés à votre avis ? Effectivement , en Algérie , l ’ endettement extérieur a toujours été négativement perçu par les Algériens et les décideurs . Cette perception vient , sans doute , de notre passé récent lorsque le FMI a quasiment mis sous tutelle l ’ Algérie après la crise des prix du pétrole des années 80 et les conséquences graves que nous avons subies à la suite de cette crise . Inconsciemment , nous lions la décennie noire à la crise de l ’ endettement et de financement que nous avions connu . Nous avions alors un endettement externe important avec une baisse importante des rentrées de devises et la situation qui prévalait a traumatisé toute une génération . L ’ endettement est comme le cholestérol , il y a le bon endettement et le mauvais . Le bon endettement est celui qui finance des projets d ’ investissements rentables à moyen et long terme . Ce sont des projets comme les autoroutes qui nécessitent des financements lourds au début et qui ensuite génèrent des revenus via leur exploitation à travers des structures publiques- privées . Le mauvais endettement est celui qui finance les déficits budgétaires et les dépenses de fonctionnement de l ’ Etat . Cet endettement-là est dangereux pour l ’ équilibre des finances et l ’ avenir du pays . Compte tenu de la quasi gratuité de l ’ argent , de nombreux pays se sont fortement endettés pour financer leurs dépenses de fonctionnement , ce qui les rend vulnérables et fait que certainement ils se retrouvent un jour sous les fourches caudines des créanciers avec les dérives que nous connaissons . L ’ autre garde-fou dans la mise en place de l ’ endettement est le ratio endettement externe ramené au PIB qui doit être sous la barre des 60 % du PIB . Ce ratio est utilisé par l ’ Union européenne pour suivre la performance des pays membres de la zone euro . Ce ratio doit être respecté pour éviter que l ’ endettement ne devienne une charge insupportable pour le budget de l ’ Etat . Dans le cas de l ’ Algérie , le niveau maximum d ’ endettement acceptable serait de l ’ ordre de 100 milliards de dollars avec les conditions actuelles . Evidemment , les taux de cet endettement sont fonction de la signature du pays et donc plus un pays est ouvert et transparent plus le taux est faible .

On peut d ’ ailleurs se poser la question de savoir si l ’ Algérie peut développer une industrie automobile . La réponse est malheureusement négative car nous n ’ avons pas tous les atouts à notre disposition et nous serons par conséquent toujours plus chers comparés aux pays qui ont pris de l ’ avance dans ce segment de l ’ industrie .
Ce qui nous amène à l ’ autre avantage de l ’ endettement , celui de la nécessité de la transparence dans la gestion des comptes de l ’ Etat . Nous devrions faire preuve de plus d ’ ouverture , car les pays sont notés sur la base des réformes et de la transparence ce qui n ’ est pas une mauvaise chose pour lutter contre la corruption et l ’ immobilisme .
Malgré tous les efforts du gouvernement et son discours volontaire en vue d ’ améliorer l ’ environnement économique , le climat des affaires est jugé peu encourageant par les investisseurs étrangers . Quels mécanismes devraient être mis en place , selon vous , pour impulser les investissements productifs et notamment les IDE ? La récente étude d ’ E & Y sur les IDE en Afrique a démontré que l ’ Algérie a connu une baisse importante des IDE en 2014 , affectée essentiellement par la crise de l ’ énergie . En effet , l ’ Algérie n ’ a réussi à attirer que 4 % des IDE destinés à l ’ Afrique du Nord pour un montant de 2 milliards de dollars . Ce montant est en forte baisse de 20 % par rapport à 2013 . Cette mauvaise performance s ’ explique par la crise dans le secteur de l ’ énergie mais aussi par un environnement difficile pour les opérateurs étrangers . En fait , ce climat hostile s ’ applique aux investisseurs nationaux aussi . Certains pointent la règle dite des 51 / 49 %, ou alors les problèmes de rareté du foncier pour expliquer les difficultés de notre économie à se transformer et à s ’ ouvrir . Le problème majeur est le rôle de l ’ Etat dans l ’ économie et la bureaucratie générée par l ’ inflation de lois et de directives mises en place pour contrôler l ’ investisseur . C ’ est le sujet majeur sur lequel l ’ Etat doit travailler rapidement . Nous avons créé un monstre bureaucratique à travers des lois qui se sont empilées et qui font qu ’ aujourd ’ hui on arrive à une quasi-paralysie du système , car les fonctionnaires ne peuvent pas prendre des décisions localement pour libérer les projets et se sentent euxmêmes prisonniers de la machine bureaucratique . Cette situation n ’ est pas volontaire et même certains ministres ont reconnu publiquement leur désarroi face à l ’ administration centrale et locale qui bloque toutes les initiatives . Il faudra sans doute trouver des solutions rapides pour
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OIL & GAS business / NUMÉRO 14 / Avril 2016 / 17