Oil&Gas Buisiness Issue Volume 14 | Page 16

entretien

Ahmed Lateb

Expert en industrie , directeur associé à Ernst & Young

« L ’ Etat doit changer son paradigme économique »

Entretien réalisé par Zahra Khedim
Dans une conjoncture de baisse des prix de pétrole qui impactent directement le budget de l ’ état , le gouvernement est depuis plusieurs mois à la recherche de solutions alternatives à même de sortir l ’ Algérie de la crise . Une crise qui a surgit avec la crise pétrolière en place depuis 2014 . Premier choc , pour les gouvernants , les recettes provenant des exportations d ’ hydrocarbures ont baissé de 42,8 % durant les quatre premiers mois de 2015 tandis que la croissance du PIB est tombée à 3,7 % la même année . Autre préoccupation , les réserves ont diminué de 35 milliards de dollars en 2015 et le matelas de devises risque de fondre dans les six prochains mois alertent les experts . A cet égard , le gouvernement joue la prudence . Ainsi parmi les solutions mises sur la table , il y a la politique macroéconomique qui sera nous dit-on , portée par les emprunts obligataires , une diversification de l ’ économie , une amélioration du climat des affaires et des incitations pour les investisseurs locaux . Objectif recherché : la consolidation budgétaire et la réduction de la demande d ’ importations . Plusieurs domaines sont explorés pour des opportunités de relance ou tout au moins une atténuation des effets de la crise actuelle . Entretien avec Ahmed Lateb ; Expert en industrie , directeur associé à Ernst & Young .
Oil & Gas Business Magazine : Une décision a été prise récemment par le gouvernement , sous l ’ impulsion du chef de l ’ Etat , pour recourir à un emprunt obligataire national , en vue de financer notamment les grands projets . Comment évaluez-vous cette option ? Ahmed Lateb : C ’ est une décision positive et qui démontre une maturité politique et économique . Politiquement , cela permet de tester la confiance et l ’ adhésion des Algériens à la politique économique du pays , et économiquement cela permet de financer certains projets et de faire bénéficier le citoyen des revenus futurs sur les projets financés . Cette décision dénote aussi un changement de doctrine car jusqu ’ à présent l ’ Etat était réticent à utiliser les moyens de financements qu ’ offrait l ’ économie et avait recours systématiquement au budget de l ’ Etat pour financer ses investissements . L ’ endettement obligataire est utilisé par de nombreux pays dans le monde . On peut citer le cas de l ’ Egypte qui a récemment mis en place un emprunt pour financer des projets d ’ infrastructures comme le dédoublement du canal de Suez . Ce changement de dogme est plutôt le signe d ’ une maturité de la part du gouvernement et pave le chemin pour un financement moderne de l ’ économie au lieu du recours à l ’ endettement externe auprès des institutions financières internationales . En revanche , l ’ utilisation de cet emprunt doit être clair et il doit être dédié à des projets d ’ investissements et pas aux dépenses de fonctionnement . Donc , cela suppose une gestion de cet emprunt et une information du grand public .
Le recours à l ’ endettement étranger évoqué notamment pour le financement des projets de Sonatrach et de Sonelgaz est perçu avec une certaine hostilité , malgré le faible taux d ’ endettement extérieur du pays . En tant qu ’ économiste , quel regard portez- vous sur cette
16 / OIL & GAS business / NUMÉRO 14 / Avril 2016