CONTRIBUTION fait que reproduire si ce n ’ est l ’ échec , du moins l ’ inefficience , tant il est vrai qu ’ il ne suffit pas de mettre en place un code , des incitations et une ouverture plus ou moins large de l ’ investissement pour prétendre développer ce dernier ou attirer les flux de capitaux . L ’ ouverture et les incitations ne sont pas et ne seront , sans doute , jamais les déterminants exclusifs de l ’ investissement . Elles sont , certes , nécessaires , mais loin d ’ être suffisantes pour influer sur le choix de localisation des projets . D ’ autres facteurs de localisation , de loin beaucoup plus importants , recueillent l ’ attention des investisseurs . Ils vont au-delà des incitations . Ils dépassent même les avantages comparatifs susceptibles d ’ être réunis par le pays . Ils vont au-delà du prix de l ’ énergie , des mille deux cent kilomètres de côtes , du soleil et du sable du désert , du coût de la main d ’ œuvre locale , de la taille du marché et autres arguments qui ont meublé et qui continuent de le faire , les discours des sporadiques campagnes algériennes de promotion de l ’ investissement . En effet , quelle importance revêt la taille du marché lorsque les stratégies des multinationales reposent sur la segmentation de la production internationale et les économies d ’ échelle ? Quel est l ’ intérêt de la modestie du coût de la main d ’ œuvre lorsque la qualité de la production dépend de la formation et de l ’ aptitude à exécuter de la meilleure manière possible des tâches confiées aux employés ? Jusqu ’ à quel niveau le coût de l ’ énergie compensera-t-il celui des transactions lorsque les pratiques de l ’ appareil administratif le portent à des niveaux non maitrisables ? Que vaut le potentiel touristique brut lorsque l ’ environnement dans lequel il s ’ insère en rend l ’ exploitation fort aléatoire ? Dans quelle mesure l ’ instabilité du paysage législatif et réglementaire peut-elle être gérée ? Comment faire face à l ’ application rétroactive des lois ou aux retards mis dans leur mise en œuvre faute de textes d ’ application ? Quels recours face aux divergences ou aux mauvaises interprétations ? Jusqu ’ à quel niveau est-il possible de supporter les coûts des lenteurs et de la complexité des procédures judiciaires ou de l ’ exécution des contrats ? C ’ est en ces termes , et bien d ’ autres , que le problème se pose dans une multitude de domaines et qui se traduisent en sérieuses préoccupations dont la prise en charge reste timide voire inexistante .
Dans de telles situations , les codes et les incitations restent ce qu ’ il y a de plus facile à mettre en place . Leur efficience est plus difficile à réaliser , car elle n ’ est pas automatique . Elle dépend d ’ un environnement d ’ ensemble qui n ’ a jusqu ’ à présent pas reçu toute l ’ attention qui doit lui être apportée . Pourtant l ’ histoire continue à se répéter et un code en chasse l ’ autre , pour que le même constat se répète avant qu ’ une commission ou qu ’ un groupe de travail ne soit , de nouveau , mis en place , pour concocter un code de « dernière génération », porté aux nues à sa promulgation , avant qu ’ il ne soit voué à la même fin que ceux qui l ’ ont précédé . C ’ est
L ’ ouverture et les incitations ne sont pas et ne seront , sans doute , jamais les déterminants exclusifs de l ’ investissement . Elles sont , certes , nécessaires , mais loin d ’ être suffisantes pour influer sur le choix de localisation des projets . D ’ autres facteurs de localisation , de loin beaucoup plus importants , recueillent l ’ attention des investisseurs .
de ce cycle qui combine facilité et amnésie , que l ’ Algérie n ’ arrive pas à sortir . Tel un métronome , la démarche continue à se reproduire et à battre la mesure . Bien plus elle s ’ accompagne , désormais , d ’ un durcissement des conditions d ’ investissement , de restrictions et de préalables divers , à l ’ image de ce qui a été décidé à l ’ occasion de la loi de finances complémentaire pour 2009 . Tout se passe comme si les investissements qui nous boudaient nous menaçaient soudain d ’ envahissement et qu ’ il nous fallait mettre des barrières pour nous protéger de la convoitise qui les anime face à un programme de deux cent quatre-vingt milliards de dollars destinés à la réalisation du plan 2010 / 2014 . Mais en utilisant cet argument , voire même en subordonnant l ’ accès à ce pactole , à une obligation d ’ investissement ne sommes-nous pas en train d ’ opter pour les investissements les moins viables et les moins durables ? Un bilan devra nécessairement être fait sur cette politique atypique d ’ investissement contraint , qui donne des signes d ’ essoufflement avant qu ’ elle ne soit réellement mise en œuvre . •
OIL & GAS business / NUMÉRO 13 / Mars 2016 / 41