Dossier
Abdelmadjid Attar
Ancien ministre , ex-PDG de Sonatrach
« L ’ option gaz et renouvelables , une stratégie salutaire »
Propos recueillis par Zahra Khedim
OGB Magazine : Les prix du pétrole restent très volatiles et peinent à retrouver une courbe ascendante , comment évaluez-vous les perspectives du marché mondial pour les mois à venir ? Abdelmadjid Attar : On peut dire pour le moment qu ’ un certain optimisme se profile à l ’ horizon , du fait des déclarations faites à Doha par quatre producteurs importants , dont un hors-OPEP ( la Russie ), annonçant le gel de la production au niveau de celles du mois de janvier 2016 . Il semble aussi que les autres producteurs d ’ Amérique Latine soient prêts à s ’ engager dans cette voie . C ’ est ce qui a permis pour le moment aux prix de se stabiliser et de remonter jusqu ’ aux environs de 40 dollars , en attendant d ’ autres confirmations . Et d ’ autres conditions très importantes dans les jours à venir , dont la première : la définition exacte de ce que chacun entend par niveau de production à geler . Serat-il question du réel de janvier ou du théorique qui n ’ est pas atteint par plusieurs pays , notamment l ’ Iran dont la position affichée n ’ est pas du tout claire à ce jour puisqu ’ il affiche une volonté de revenir rapidement à sa production d ’ avant l ’ embargo . Il faudra aussi que la prochaine réunion de l ’ OPEP qui semble être pour la fin du mois de mars , aboutisse au consensus nécessaire à ce sujet , et cela ne le sera que s ’ il y a un rapprochement des positions de l ’ Iran d ’ une part , et de l ’ Arabie Saoudite d ’ autre part avec les autres pays du Golfe . Les autres membres de l ’ OPEP sont déjà acquis à ce consensus étant les plus gravement touchés par cette crise . Il faudra enfin que la Russie soit rejointe par d ’ autres producteurs non OPEP dans cette initiative . Si ces
Pour remonter vers 50 ou 60 dollars d ’ ici la fin de l ’ année , il faudra d ’ autres décisions et surtout la fin des guerres de communiqués entre principalement l ’ Iran et l ’ Arabie Saoudite .
trois conditions sont réunies , on peut espérer que le prix se stabilisera au moins autour de 40 dollars le baril . Mais pour remonter vers 50 ou 60 dollars d ’ ici la fin de l ’ année , il faudra d ’ autres décisions et surtout la fin des guerres de communiqués entre principalement l ’ Iran et l ’ Arabie Saoudite . Aucun de ces deux pays , ni l ’ OPEP , ne pourra plus prétendre être ou devenir le régulateur du marché pétrolier dans la conjoncture actuelle .
L ’ OPEP n ’ est elle pas entrain d ’ hypothéquer son rôle de régulateur principal du marché , dans le sillage de la stratégie « imposée » par l ’ Arabie Saoudite Je pense qu ’ elle a commencé à perdre ce rôle de régulateur depuis qu ’ il n ’ y a plus de quota de production par pays en son sein , mais seulement un plafond global OPEP , dans lequel , profitant de l ’ embargo sur l ’ Iran , et les difficultés internes à l ’ Irak et la Libye , l ’ Arabie Saoudite s ’ est imposée ou plutôt a cru devenir le régulateur de la production mondiale . Elle croit encore qu ’ elle a gagné une bataille contre les hydrocarbures non conventionnels , alors qu ’ en réalité les paramètres qui ont encouragé le développement de ces derniers ( sécurité énergétique des gros consommateurs , prix trop élevé avant 2014 , progrès technologiques ) ont définitivement modifié l ’ équilibre et la valeur des différentes ressources énergétiques , ainsi que les modèles de consommation énergétique . Il y a en ce moment un léger recul des hydrocarbures non conventionnels , mais pas autant que l ’ Arabie Saoudite le prévoyait . Il y a aussi le retour de l ’ Iran après la levée des sanctions que l ’ Arabie Saoudite n ’ a pas dû prévoir , sans compter un éventuel retour à la stabilité de l ’ Irak et de la Libye . Tous ces paramètres ainsi
24 / OIL & GAS business / NUMÉRO 13 / mars 2016