Société par Urbain GUEU
naliste n ’ est palpable que lors des victoires des équipes nationales de football pour ne citer que celleslà . La vie politique n ’ inspire plus confiance , surtout en prenant en compte le rôle prépondérant des armées à la solde des clans présidentiels , n ’ hésitant pas à retourner leurs armes contre leurs propres concitoyens et à renverser des présidents démocratiquement élus , au lieu d ’ être des armées impartiales et républicaines . Tous ces éléments expliquent bien le climat irrespirable qui règne sur les Pays à l ’ approche des élections .
Une Afrique en marche vers la démocratie
L ’ Afrique a enregistré des avancées notables et des échecs . Avec ses multiples accords , traités continentaux , internationaux , et régionaux , l ’ Afrique a déjà un cadre propice à l ’ émergence de véritables démocraties .
Ces textes montrent qu ’ un effort considérable est fourni , du moins dans un cadre théorique , pour trouver un bon moule à la taille des aspirations pressantes des peuples africains qui ont soif de démocratie . Les manifestations du « printemps arabe » des Tunisiens , Égyptiens et Libyens ont contribué à mettre la question de la démocratie à l ’ ordre du jour dans les pays d ’ Afrique noire .
Il s ’ agit à présent de mettre à profit les mutations internes et les apports de la communauté internationale dans l ’ édification de véritables démocraties en Afrique .
Les mutations internes
Il faudrait travailler à l ’ instauration d ’ une culture de l ’ alternance , un principe inviolable de la démocratie , de prévoir un statut de l ’ opposition et oser aller vers une bipolarisation de la vie politique qui aura pour avantage d ’ éliminer les nombreux partis politiques à caractère tribaliste , sans fondement national , voire sans idéologie politique claire et dirigés par des individus guidés par des intérêts inavoués .
Une moralisation de la vie politique est souhaitable , on ne cessera de le dire . « On ne fait pas de la politique avec la morale , on n ’ en fait pas davantage sans » ( André Malraux ). Cela doit passer par l ’ arrêt de la pratique répandue des achats de consciences et de votes , une libéralisation encadrée des médias , une véritable lutte contre l ’ impunité et la consolidation de l ’ État de droit . La nécessité de la réinstauration des services militaires obligatoires ou des travaux d ’ intérêt général pour renforcer le lien patriotique et inculquer des valeurs citoyennes se fait sentir pour parachever l ’ œuvre de création des nations , aux dimensions des États qui se sont imparfaitement constitués .
Les apports de la communauté internationale
La communauté internationale doit véritablement accompagner le processus de démocratisation de l ’ Afrique dans le respect du droit des peuples africains à disposer d ’ euxmêmes . Le rôle joué par la communauté internationale , gardienne de valeurs , dans la résolution des conflits , voire dans leur prévention , est louable et souhaitable au regard des difficultés à régler des crises internes . Cependant , elle doit éviter de défendre des intérêts . Le pas est vite franchi quand certaines nations , pour protéger leurs intérêts économiques , sont visiblement tolérantes avec des régimes aux pratiques peu démocratiques ou , pire , quand elles n ’ hésitent pas à faire de ces régimes illégitimes et mafieux des partenaires privilégiés leur assurant des pouvoirs à vie et des successions dynastiques au grand dam des populations . Il faut que cela cesse !
Les conditions de l ’ aide au développement devraient être respectées sans régime de faveur .
Heureusement en Afrique , il y a quelques bons élèves et quelques signes d ’ espérance : notamment le Ghana avec sa lutte contre la corruption , la résolution positive des longs conflits ( Sierra Leone et Liberia ), le soulèvement populaire au Burkina qui a évité un bain de sang et tout récemment la résolution de la crise de la Gambie .
La démocratie n ’ est pas qu ’ une affaire des politiques , c ’ est une affaire pour nous tous : il est finalement impérieux de rappeler que « la démocratie n ’ est pas dans les institutions , mais dans les hommes ». ( Georges Burdeau )
Référence : Biléou Sakpane-Gbati , « La démocratie à l ’ africaine », Éthique publique [ En ligne ], vol . 13 , n ° 2 | 2011
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Nouvelle Cité Afrique