Montréal pour Enfants vol. 24 n°2 / Printemps 2024 | Page 22

Nommer l ’ émotion
Parler à l ’ enfant en détresse ne sert pas juste à rassurer celui-ci par le son de sa voix . Utiliser des mots contribue à ce que l ’ enfant se sente entendu et qu ’ il apprenne à mieux identifier ce qu ’ il éprouve , et ultimement , aussi , ce que ressentent les autres , afin de réagir plus adéquatement , par lui-même , à travers le temps .
Un tel soutien à l ’ introspection rejoindra beaucoup plus efficacement sa cible , indique Guadalupe Puentes-Neuman , si le parent démontre une réelle curiosité devant la nuance des émotions du jour : « Si tout ce que l ’ on fait , c ’ est dire à l ’ enfant ‟ Tu es fatigué , tu es fatigué ”, et que l ’ on ne nomme pas le sentiment que vit l ’ enfant , il n ’ y a pas de connexion qui se fait entre ce que l ’ enfant vit , dans son corps , à ce moment , qui peut s ’ appeler la faim , l ’ ennui , ou la colère . Ensuite , lorsqu ’ on grandit , nous n ’ avons toujours pas les mots pour nommer les émotions que l ’ on vit . »
Analyser la situation
Afin de réduire le risque de mésinterprétation de l ’ attitude des enfants , Émilie Girard rappelle l ’ importance d ’ écouter et de poser des questions : « Si nous voyons que l ’ enfant a fait une réflexion et qu ’ il nous amène quelque chose comme ‟ Oui , mais je ne sais pas comment faire et ça arrive tout le temps et je n ’ y arrive pas !” Ça , c ’ est un enfant qui ne sait pas comment se gérer . » Un tel aveu représente aussi une belle porte ouverte pour demander de l ’ aide de la part de l ’ enfant . Il suppose toutefois un bon début d ’ introspection et n ’ offre qu ’ une version de la situation .
Afin de compléter le portrait , Sophie Parent propose d ’ inscrire son enfant à une activité où , si possible , on peut l ’ observer en pleine action . C ’ est ce que fit une de ses amies : « Dans un contexte où il y avait plusieurs nouveaux enfants et de nouvelles excitations , elle a vu combien il pouvait être maladroit et à quel point ses comportements pouvaient devenir provocants pour les autres , qui finissaient par le rejeter . » Cette maman a alors pu retrousser ses manches pour travailler les irritants , les uns après les autres .
Chercher ensemble des stratégies
Chercher ensemble les actions à poser comporte de nombreux avantages qu ’ une « solution qui vient d ’ en haut », potentiellement plus coercitive , ne peut pas offrir . Cela permet de faire un lien plus direct entre ce qui est ressenti avant , pendant , et des solutions auxquelles adhère l ’ enfant . Une telle approche favorise aussi l ’ ajout d ’ initiatives qui passent moins par la répression des gestes et davantage par les stratégies mentales , explique Guadalupe Puentes- Neuman : « J ’ ai le cœur qui bat . Qu ’ estce qui m ’ aide lorsque j ’ ai le cœur qui bat comme cela ? Je prends une grande respiration et je pense à quelque chose d ’ agréable . »
Émilie Girard ajoute que , par un tel appel à la réflexion de l ’ enfant , on attaque le nœud du problème de l ’ impulsivité , avant de parvenir à une gestion plus autonome : « C ’ est en travaillant ce processus de réflexion que nous travaillons l ’ impulsivité , parce que , dans l ’ impulsivité , c ’ est ce processus qui ne se passe pas . On agit sous le coup de l ’ émotion plutôt que de réfléchir à ce qui se passe . »
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