Isabelle Nizet rappelle également que le travail d ’ équipe est avant tout conçu de façon à évaluer , non les résultats , mais les habiletés à travailler en équipe , sur les plans cognitif , comme la méthodologie , et affectif , comme la capacité à s ’ affirmer . Les coéquipiers peuvent aussi apporter leur avis sur leur collaboration réciproque : « Par exemple , ‟ Est-ce que tout le monde a écouté ? Est-ce que tout le monde a exprimé son avis ?” Cela aussi , ce sont des comportements . » Et cette chercheuse spécialisée en évaluation remarque que les beaux projets finaux vont souvent de pair avec des évaluations positives sur le plan collaboratif .
Petit train va loin
Ces évaluations permettent aussi de révéler quelques lacunes sur les capacités d ’ introspection des élèves qui peuvent expliquer certaines de leurs conduites plus cruelles ou arbitraires qui touchent la socialisation , relate Isabelle Nizet : « Même en sixième année , on se retrouve avec des enfants qui n ’ ont jamais été remis à leur place , ils ne sont pas conscients d ’ avoir des attitudes négatives . »
Qui plus est , une partie des acquis d ’ une année se perd l ’ année suivante , lorsqu ’ il faut établir un lien de confiance avec de nouveaux camarades . Mélanie Dumouchel suggère d ’ apprivoiser les élèves petit à petit , en dyades , avant de se lancer dans de grands projets . Il s ’ agit en même temps pour l ’ enseignant de se donner une occasion d ’ observer : « Et mon intention , dans cela , comme enseignante , c ’ est de leur permettre de jaser et de socialiser . Je peux voir aussi comment ça se passe entre ces deux amis-là . Ce n ’ est pas un travail exigeant . Les enfants sont habitués à faire cela , du moins , si on choisit une tâche qu ’ ils ont l ’ habitude de faire . »
Guider , de fil en aiguille …
Avec le temps , le professeur peut intégrer des éléments des thématiques plus complexes ou plus propices à la manifestation de croyances erronées . Si ce genre de discussions peut être encadré dans un enseignement magistral , Isabelle Nizet souligne que les enfants seront plus prompts à les remettre en question dans l ’ intimité d ’ un petit groupe : « Et ce qui est passionnant , à propos des croyances erronées et du travail d ’ équipe , c ’ est que l ’ on peut mettre les élèves en débat . On peut leur demander d ’ argumenter et de justifier . »
En guidant les raisonnements , discrètement , les professeurs apprennent ainsi aux élèves à devenir plus autonomes et objectifs dans leur évaluation des faits , mais aussi de leur propre travail , de leur apport et de celui des autres . Ainsi , Mélanie Dumouchel soutient que quelques interrogations bien formulées peuvent amener les enfants à tenir des positions qui vont au-delà de leurs préférences personnelles et leur désir d ’ approbation , sans pour autant les autoriser à se critiquer ouvertement : « Cela dépend du travail demandé : si le professeur dit ‟ Vous avez quatre options : choisissez la meilleure .” Le professeur peut alors ajouter ‟ Trouvez-moi les arguments .” À ce moment , si le petit populaire de la classe a choisi une idée , mais qu ’ il n ’ a aucun argument , ça ne tiendra pas la route . Donc , on va essayer à cela . »
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