L ’ interdépendance avant tout
Une professeure racontait que , lors de sa formation , il y a une dizaine d ’ années , elle voyait des étudiants de sa classe universitaire se partager la tâche d ’ un devoir et partir chacun de leur côté avant même d ’ avoir discuté de leur objectif commun . Les enseignantes universitaires interrogées pour cet article s ’ entendent sur le fait que cette méthode de travail , parfois justifiée par le contexte , n ’ est assurément pas celle par laquelle on peut espérer apprendre aux élèves d ’ aujourd ’ hui à développer leur compétence à collaborer . Au contraire , le professeur doit s ’ ingénier à trouver pour eux des tâches pour lesquelles ils devront penser ensemble , comprendre la vision des autres et aller tous dans le même sens , explique Mélanie Dumouchel : « Dans un travail coopératif , on veut plutôt
avoir quelque chose comme une murale : on ne veut pas que chacun fasse un dessin : on veut que cela fasse un tout . »
Toutes les tâches ne se prêtent pas à un tel échange d ’ idées , mais justement , la collaboration devrait être réservée pour les contextes où elle s ’ avère vraiment utile , rétorque Isabelle Nizet . Et il existe des projets qui ne peuvent pas se scinder aussi logiquement . Il suffit alors que ceuxci soient proposés aux élèves avec un niveau de défi assez élevé pour que plus d ’ une tête soit nécessaire à les traiter : « Si je demande à des élèves de résoudre ensemble un problème , ils ne peuvent jamais dire ‟ Moi , je lis le problème , toi , tu récoltes les données , toi tu l ’ interprètes , moi , je trouve la solution ”. Ce ne serait pas une manière efficace de travailler . Ils doivent tous se mettre d ’ accord sur le sens du problème qui a été lu , sur les données significatives sur lesquelles il faut travailler , sur la résolution et la solution . »