Montréal pour Enfants vol. 20 n°6 / Hiver 2020 | Page 21

Pourquoi ne pas collaborer ?
Le marché propose aussi de plus en plus de jeux où les joueurs s ’ unissent contre un ennemi imaginaire , dans une quête ou une épreuve commune . Isabelle Deshaies , qui a réalisé sa thèse de doctorat sur l ’ intervention par le jeu , remarque que ces exercices collaboratifs parviennent à susciter l ’ implication des enfants qui réussissent généralement moins bien à l ’ école ou en contexte de performance . Ils semblent ainsi profiter d ’ un cadre où les conséquences de se tromper sont réduites et où l ’ enthousiasme des autres donne envie de se reprendre : « Dans un jeu où nous allons travailler davantage la séquence d ’ histoire avec un enfant , même si l ’ enfant a , par exemple , des troubles de langage ou qu ’ il a plus de difficultés sur le plan du vocabulaire , il va quand même se risquer à jouer , peut-être à un degré différent d ’ un autre enfant , mais il va quand même participer . » Il faut cependant savoir que le simple fait de proposer un jeu collaboratif ne suffit pas toujours à susciter l ’ écoute attentive et l ’ équité . Un ou quelques joueurs trop enthousiastes y prennent parfois le devant de la scène , de façon plus ou moins consciente , et ce , même chez les adultes . L ’ imposition de tours , pour que chacun puisse donner une réponse , ou toute autre formule pour garantir un réel consensus gagnent alors à être mises de l ’ avant .
Certains concepteurs ont même prévu le coup en créant des jeux collaboratifs où chacun possède des informations secrètes , rapporte Sylvain Trottier : « J ’ ai des informations , soit des informations différentes sur la façon dont est fait le jeu ; tu ne peux pas savoir tout ce qu ’ il te faudrait connaître pour réussir le jeu , alors il faut que nous travaillions ensemble . » Une telle solution peut s ’ avérer particulièrement pertinente dans les familles où l ’ on sait que le plus jeune ou la plus rebelle éprouve souvent de la difficulté à se faire entendre .