Montréal pour Enfants vol. 19 n°5 Automne 2019 | Page 9

langage de huit, dix ans. Il n’est pas forcément ca- pable de rationaliser et de prendre le contexte en considération. » TOUT UN CONTEXTE SOCIAL À RENÉGOCIER Mais par-delà l’expression des bonnes intentions, de part et d’autre, il y a aussi tout le contexte au- quel il faut tout de même s’adapter, que ni le parent ni le professeur n’ont choisi. Ni les uns ni les autres ne pourront changer le contenu du programme, les méthodes d’enseignement en vigueur, pas plus que le manque de ressources dans les écoles. Comment peut-on encore espérer une réponse adaptée aux besoins de son enfant dans de telles circonstances ? Tous confrontés aux mêmes lacunes Les classes de 25 à 30 élèves obligent les profes- seurs à ramener leur lot de corrections à la mai- son, et à consacrer moins de temps à chaque élève pendant les heures de classe. Ils se mettent aussi à passer plus de temps qu’ils ne voudraient à s’occuper des enfants dérangeants le groupe. Et Rollande Deslandes a pu constater que, s’il reste quelques minutes à grappiller, pour retrouver un meilleur équilibre, cela peut être du côté des par- ents et de leurs demandes particulières que se fera la coupure : « Il y en a pour qui ce n’est pas drôle et qui pourraient me répondre : “Je n’ai même pas l’essentiel pour travailler dans ma classe. Je vais commencer par essayer de survivre et de livrer la marchandise. Alors on verra une autre fois pour les discours sur la communauté. Et, après, je vais prêter attention aux parents.” » L’orthopédagogue et psychoéducatrice Marie- Claude Béliveau remarque que ce contexte peut pousser les enseignants à encourager les parents, peut-être trop fortement, à accepter les solutions qui contribueraient à la gestion des enfants plus difficiles. Cela expliquerait également la réticence des professeurs à adapter leur rythme éducatif à un seul enfant. Et, ce, d’autant plus que ces adapta- tions exigent des habiletés ou une expérience que tous n’ont pas encore forcément acquises : « Ce qui crée parfois des litiges, c’est que la médication, si on prend cet exemple, n’est pas la seule solution, c’est même loin d’être la seule. Les autres solutions sont des mesures adaptatives. Pour cela, il faut un pro- fesseur qui désire aller en ce sens. Cela signifie ac-