8
éducation
www.montrealpourenfants.com
s’expliquer par l’espoir de l’enseignant de voir l’enfant
se sortir lui-même d’une épreuve passagère, sans ac-
cabler outre mesure l’enfant ou les parents : « Parce que
c’est souvent ce que l’on voit : des parents qui se font
dire “Votre enfant ne suit pas, ça ne fonctionne pas du
tout.” Mais certains professeurs ont trop attendu, pour
ménager l’enfant. Des parents qui apprennent au mois
de mai que leur enfant va peut-être redoubler peuvent
trouver ça dur ! »
Cela dit, entamer une première rencontre avec un parent
par l’énumération de ses insatisfactions envers l’attitude
ou le rendement de son enfant ne constitue sûrement
pas non plus le meilleur moyen de s’allier les parents.
Voilà pourquoi Camil Sanfaçon suggère aux professeurs
de chercher à joindre personnellement les parents dur-
ant le premier mois de classe, et de trouver au moins un
aspect positif à exprimer à propos de l’enfant.
Lyne Guérin abonde aussi dans ce sens, mais souligne
que les divers moyens technologiques à la portée des
parents donnent accès à plusieurs autres voies de com-
munication, qui favorisent cette approche transparente
et positive : « On peut écrire directement des messages
textes aux enseignants, un peu comme sur Messenger :
ça s’appelle Classe Dojo. Alors oui, je pense que cela
a évolué dans le bon sens. Il n’y a plus seulement le
contact téléphonique. Il y a plein d’écoles qui l’utilisent
maintenant, partout au Québec, parce que c’est telle-
ment facile. En même temps, le professeur, lui, peut
nous envoyer des photos de ce qui se passe dans la
classe. On peut voir ce que les enfants ont fait comme
activité de bricolage aujourd’hui. »
Les courriels, et même les textos, sont d’ailleurs déjà
devenus les alliés de plusieurs professeurs, puisqu’ils
leur permettent, ainsi qu’aux parents, de se parler au
moment qui leur convient, de mieux peser chacun de
leurs mots et, surtout, de cibler un message, sans ris-
quer qu’il soit détourné par un petit coquin craignant
d’être puni. Est-ce dire que le bonhomme sourire ou
triste dans l’agenda et les coups de téléphone d’antan
sont tomber aux oubliettes ? Rollande Deslandes ne
le croit pas : « Nous avons réalisé une étude récem-
ment où j’ai découvert, à ma grande surprise, qu’il y
a encore des parents qui préfèrent recevoir un appel
téléphonique. Dans certains milieux, nous avons de la
difficulté à établir le lien par courriel. Donc, il faut utiliser
plusieurs moyens. On demande aux parents quelle est
leur préférence. Il y en a pour qui ce sera encore les
mémos et les messages, comme autrefois. »
Moins d’impulsivité : plus de résultats
Ce ne sont toutefois pas les moyens qui manquent
pour, qu’au besoin, le parent puisse faire entendre sa
voix, d’abord à l’école. L’expérience, autant que les pol-
itiques scolaires générales, contribue à ce que les pro-
fesseurs prennent conscience de leur intérêt à s’allier
aux parents, puisque ce sont eux qui ont la plus grande
influence sur l’enfant. Inversement, les parents gagnent
à garder en tête que l’idée que ces grandes personnes
se font du milieu scolaire peut jouer directement sur la
motivation des enfants ou même sur leur motivation à
s’ouvrir à un autre monde pour s’attacher au professeur.
Mais si, malgré tout, l’école semble faire la sourde oreille,
la Fédération des comités de parents peut même offrir
un coup de pouce à ceux qui désirent se faire guider à
travers le système éducatif. Et pour une situation qui
s’aggrave, le parent peut s’adresser à l’ombudsman,
présent dans chaque commission scolaire. Cela dit,
Rollande Deslandes prévient que de prôner le droit
de défendre les intérêts de son enfant sans prendre
le temps de bien choisir les mots, le moment et, sur-
tout, la personne à qui s’adresser, fait courir un risque
à cette relation de collaboration : « La direction d’école
s’attend à ce que les enseignants communiquent avec
les parents et travaillent avec eux. Lorsqu’il y a des
difficultés, ça se passe à un autre niveau. Ça peut se
discuter avec la direction d’école. Ce qui me vient à
l’idée, c’est l’exemple du parent qui envoie un courriel
à l’enseignant, le matin, qui n’a pas de réponse durant
l’avant-midi, et qui débarque à l’école pour s’adresser
tout de suite à la direction d’école en disant : “On ne
m’a pas répondu !” Ce parent a oublié que l’enseignant
doit s’occuper de 27 ou 28 élèves. »
Accorder à l’enseignant l’occasion d’offrir sa version
des faits demeure la suggestion de base qu’offre Camil
Sanfaçon pour désamorcer une situation susceptible
de devenir conflictuelle : « On laisse l’enseignant parler
sans l’interrompre à toutes les phrases. Ensuite, on peut
dire : “Voici ce que dit mon enfant. Est-ce que quelque
chose peut être fait pour régler cela ?” C’est à ce mo-
ment que l’on pourra voir s’il y a vraiment une justice. Il
n’y a pas d’autres moyens qu’en discutant. Et si cette
démarche était faite plus souvent, probablement que
nous n’aurions même pas besoin de nous en parler,
nous deux, aujourd’hui, parce que la grande majorité
des problèmes seraient déjà réglés, si on ne partait pas
encore avec une seule des deux versions. C’est normal
que quand un enfant vit une déception, il soit émotif
et fâché. Il en a gros sur le cœur et il parle avec son