Montréal pour Enfants vol. 19 n°5 Automne 2019 | Page 11

Il y a des limites à ce que l’on peut reprocher à l’école Devant ces différents défis, Camil Sanfaçon com- prend que les professeurs sentent le besoin de met- tre leurs limites, quant aux comptes qu’ils rendent et les questions qu’ils posent, afin de protéger les limites des parents, mais aussi les leurs : « Une au- tre chose que je remarque aussi, de la part des en- seignants, c’est la peur d’être indiscrets dans leurs questions : ils ne veulent pas aller trop loin. Parce que quand on va trop loin, sur le sujet de la famille, on risque de se faire envahir, si on montre beaucoup d’intérêt. Moi, j’ai vu des enseignants qui recevaient des messages à la maison, au téléphone, sur des sites, parce qu’ils avaient été un peu trop loin. Par- fois, on prend l’enseignant pour un psychologue. » Les parents doivent aussi accepter que les ensei- gnants, même les plus attentifs et les plus compé- tents, ne puissent d’abord leur donner que certaines réponses partielles, concernant les difficultés que rencontre leur enfant, puisqu’il faut quelques an- nées de retard pour reconnaître certains troubles. Une dure réalité que confirme l’orthopédagogue Marie-Claude Béliveau : « Lorsqu’il y a des difficultés d’apprentissage, à moins qu’elles soient majeures au point où on ait pu les remarquer dès la maternelle, quelque chose comme le déficit d’attention plus léger ou encore les problématiques de dyslexie ou de dysorthographie ne sont pas diagnostiqués avant neuf ans. » Camil Sanfaçon insiste aussi sur le fait que le contenu du programme, incluant les nouveaux cours sur la sexualité, l’écologie, ou les valeurs religieuses, n’a pas grand-chose à voir avec les valeurs ou les choix personnels des professeurs. En conséquence, les tentatives de négociations avec l’école sur le sujet pourraient mener à des débats stériles : « Ce n’est pas l’école toute seule qui décidera “Ici, on fait de l’éducation sexuelle et on prendra tel livre.” Ce sont des normes établies au niveau provincial. Une fois que cela est dit, c’est aux parents de prendre leur décision. Ils peuvent ne pas l’accepter, mais il n’y