Montréal pour Enfants vol. 19 n°4 La Rentrée 2019 | Page 29

En effet, les chemins qui mènent à l’intimidation et à la victimisation peuvent se rapprocher, dans la mesure où l’enfant sent qu’il ne peut compter que sur ses propres moyens pour se défendre. Georges Tarabulsy ajoute aussi qu’un enfant qui se fait ren- voyer à lui-même, avant de se sentir assez sûr de ses moyens, peut avoir de moins en moins tendance à faire appel aux adultes, lorsqu’il serait préférable de le faire. Au contraire, un enfant qui fait confiance à l’autorité se sentira plus sûr de lui au moment d’appliquer des con- signes et s’attendra à ce qu’elles soient respectées envers lui : « Lorsque les règles sont claires, la confiance est là pour affirmer ‟Tu as transgressé une règle”. » Georges Tarabulsy précise né- anmoins que de fixer des règles réconfortantes ne signifie pas d’exclure systématiquement l’enfant de la recherche de solu- tions. Il incite toutefois à recon- naître la limite des enfants à inven- torier par eux-mêmes les possibi- lités d’actions à leur portée : « Je ne veux donc pas dire que les gens qui pensent que les enfants doivent trouver leurs propres solutions ont tort ; mais c’est important de savoir que les enfants qui ont peur et qui ne se sentent pas bien attendent un mentorat des adultes de con- fiance dans leur environnement. » Devenir concrètement empathique L’exigence « d’être présent sans l’être » constitue une rhétorique im- posée aux parents, qui amène plus de questions que de réponses. Une première piste indiquée par Hélène Larouche est que plus l’enfant est jeune, plus l’intervention peut prendre une forme concrète, com- me celle d’accompagner physique- ment un enfant trop peu sûr de lui, après une exploration commune des possibilités. Elle a pu d’ailleurs appliquer cette méthode dans son ancienne vie d’éducatrice : « Je lui ai proposé de l’accompagner, mais je ne l’ai pas fait à sa place : je l’ai écoutée demander ‟Me prêterais-tu ta pelle rouge ? Je vais te prêter ma pelle bleue”. L’autre petite fille a dit oui. La première était tout étonnée qu’elle accepte. Elle tenait pour acquis que l’autre allait refuser. » L’accompagnement est d’autant plus pertinent lorsqu’il s’agit de réparer les pots cassés, après une querelle ou une crise de larmes. Annie Sayeur ex- plique toutefois que les enfants, avant 5 ou 8 ans,